Libre circulation des personnes: des avantages incontestables

8 juillet 2019

Obligation d’annoncer les postes vacants, accord institutionnel, initiative populaire pour une immigration modérée: la libre circulation des personnes revient sans cesse au cœur des débats politiques.

Dans ce contexte empreint d’incertitudes, le Seco vient de présenter le 15e rapport annuel sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE. Une publication qui dresse un bilan extrêmement positif de l’ouverture de notre marché du travail. Pierre angulaire de la voie bilatérale, la libre circulation des personnes a contribué à créer environ 600’000 emplois dans notre pays depuis 2010.

Contrairement aux craintes véhiculées par les eurosceptiques, dix-sept ans après l’introduction de l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) il n’y a pas d’immigration de masse, au contraire. Avec 31’200 personnes, le solde migratoire des ressortissants de l’UE/AELE est resté stable en 2018. Il est en recul depuis cinq ans.

Comme le relèvent les experts du Seco, l’immigration européenne vers la Suisse est étroitement liée à la demande de l’économie. Elle répond ainsi aux besoins en main-d’œuvre des entreprises qui ne peuvent être couverts par le personnel autochtone. Un atout pour faire face à la pénurie de spécialistes.

Avec un taux d’emploi de 87,3 % en 2018, les ressortissants de l’UE participent activement au marché du travail helvétique. Cette immigration ne concurrence pas la main-d’œuvre indigène, mais la complète judicieusement. Dit autrement, les travailleurs européens n’évincent pas du marché les salariés suisses. Autre constat: l’ALCP n’influence de manière significative ni l’évolution ni la structure des salaires.

L’étude du Seco ne révèle pas de différences salariales importantes entre les immigrés et les autochtones, ce qui peut s’expliquer à la fois par l’efficacité des mesures d’accompagnement en matière de lutte contre la sous-enchère salariale et par le niveau de qualification supérieur qui caractérise le marché suisse du travail.

L’ouverture du marché du travail s’est révélée aussi positive pour les assurances sociales. Le montant des cotisations des ressortissants de l’Union européenne est nettement supérieur aux prestations dont ils bénéficient. Cet  apport est précieux dans un contexte de vieillissement démographique. L’allongement de l’espérance de vie détériore le rapport entre les cotisants et les rentiers, soulignant du même coup toute l’importance de l’immigration pour assurer le financement de notre prévoyance vieillesse.

Le rapport du Seco confirme, si besoin était, les bienfaits de la libre circulation des personnes, notamment en matière d’emploi. La prospérité de la Suisse, qui gagne un franc sur trois par ses échanges avec l’Union européenne, dépend en large mesure de la poursuite de la voie bilatérale et de l’ouverture de son marché du travail.  Autant d’arguments qu’il faudra mettre en avant pour combattre «l’initiative de limitation» lancée par l’UDC, sur laquelle nous devrons nous prononcer début 2020.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».