Une économie robuste et résiliente, un système politique efficace, des infrastructures de qualité: grâce à ses atouts, la Suisse s’est hissée deuxième au classement mondial de la compétitivité 2024 de l’IMD. Voilà qui montre une fois de plus que, malgré les tensions géopolitiques, le modèle économique suisse demeure performant.
Mais tout n’est pas rose pour autant. L’IMD identifie plusieurs menaces qui pèsent sur la compétitivité future. Parmi celles-ci: le déclin démographique, qui aggrave la pénurie de personnel et met à mal la pérennité du système de retraite. Deux défis majeurs à relever. Les experts de l’IMD appellent donc la Suisse à tout mettre en œuvre pour améliorer l’efficacité du marché du travail et de garantir le financement de la prévoyance vieillesse.
Selon les estimations, 300’000 travailleurs pourraient manquer d’ici à 2034
Des recommandations pleines de bon sens car, depuis plusieurs années, le marché du travail suisse faire face à un manque aigu de main-d’œuvre. Il s’agit d’un problème transversal qui touche l’ensemble des secteurs économiques et toutes les entreprises. Selon les estimations, 300’000 travailleurs pourraient manquer d’ici à 2034.
Un scénario catastrophe à éviter à tout prix. Le recours à la main-d’œuvre qualifiée compte pour beaucoup dans la compétitivité des entreprises, dans leur capacité d’innovation et, par ricochet, dans la prospérité du pays.
L’amélioration de la participation des femmes et des personnes de plus de 65 ans sur le marché du travail est cruciale. Cela passe par des horaires de travail flexibles et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, ainsi que par la valorisation de l’expérience des seniors et des incitations financières favorisant la poursuite de l’activité professionnelle au-delà de l’âge de référence.
Mais les besoins croissants des entreprises en spécialistes ne peuvent être uniquement couverts par du personnel autochtone. L’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne s’avère essentiel pour répondre à cette exigence. Les ressortissants de l’UE ne concurrencent pas la main-d’œuvre indigène, mais la complètent judicieusement. C’est le cas des 68.000 personnes en provenance de l’UE/AELE qui ont immigré en Suisse l’an dernier.
Un relèvement de l’âge de référence doit être envisagé sans tabou dans le cadre de la réforme structurelle de l’AVS de 2026
Deuxième défi: l’assainissement de la prévoyance vieillesse. La tâche est d’autant plus difficile que l’acceptation de la 13e rente AVS le 3 mars dernier entraîne des dépenses annuelles supplémentaires de 4,2 milliards de francs dès 2026, ce qui aggrave encore les problèmes structurels du premier pilier.
Pour répondre à la volonté populaire, les mesures proposées par le Conseil fédéral – hausse des cotisations salariales, relèvement de la TVA – ne sont rien d’autre qu’un emplâtre sur une jambe de bois car, le vieillissement démographique aidant, les besoins financiers de l’AVS se montent à plusieurs dizaines de milliards de francs au-delà de 2030. Face à un tel scénario, un relèvement de l’âge de référence doit être envisagé sans tabou dans le cadre de la réforme structurelle de l’AVS de 2026.