En finir avec la stigmatisation du travail temporaire

17 avril 2018 Revue de presse

La progression du travail temporaire représente-t-elle une menace pour le bon fonctionnement de notre économie? C’est en tout cas l’avis des syndicats qui reprochent aux intérimaires de précariser l’emploi et de favoriser la sous-enchère salariale. Face à ce prétendu danger, ils n’hésitent pas à réclamer l’introduction de quotas. Avec un certain succès: le canton du Tessin et Ville de Genève limitent le recours de travailleurs temporaires dans le cadre des marchés publics.

Une fois de plus, les syndicats déforment la réalité pour mieux imposer leurs vues. Premier constat: l’essor du travail temporaire est certes réel mais pas irrésistible. En 2017, le nombre d’heures de travail fournies par les intérimaires a connu une augmentation de 5,8% en Suisse. Résultat: 323.000 personnes ont œuvré en tant que travailleurs temporaires. Cette progression doit toutefois être relativisée: les intérimaires ne représentent que 2,3% de la population active.

Des activités encadrées

Les travailleurs temporaires ne sont pas des travailleurs de seconde zone. Leurs activités sont rigoureusement encadrées par la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services ainsi que par la CCT Location de services. Cette dernière comprend des standards minimums en matière de salaires et de conditions de travail. Elle prévoit l’obligation d’être assuré à la prévoyance professionnelle. Une assurance d’indemnité journalière en cas de maladie et un fonds de formation continue ont également été mis en place.

N’en déplaise aux syndicats, le travail temporaire répond à un besoin des salariés. Il séduit un nombre accru de jeunes, avides de liberté, favorise la réinsertion dans la vie professionnelle et permet de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.

Considéré comme une forme de travail atypique, le travail temporaire apparaît de plus en plus comme une passerelle vers le travail fixe.

Une étude menée par Swisstaffing en 2014 montre en effet que la moitié des travailleurs intérimaires ont trouvé un travail fixe dans les douze mois qui suivaient une mission temporaire.

Les entreprises tirent également leur épingle du jeu.

Dans un contexte de vieillissement démographique où la lutte pour les meilleurs talents s’intensifie, le travail temporaire permet de faire face à la pénurie de main d’œuvre qualifiée. A l’heure actuelle, plus des deux tiers des travailleurs temporaires sont affectés à des tâches spécialisées. Autre avantage: de l’industrie aux services en passant par la construction, les intérimaires couvrent l’ensemble des secteurs économiques.

Sortir l’artillerie lourde pour restreindre le nombre d’intérimaires, est-ce bien raisonnable? Le travail temporaire est une forme de travail flexible qui permet aux entreprises d’ajuster leur besoin de main-d’œuvre selon les fluctuations conjoncturelles et saisonnières. De la sorte, il contribue à maintenir un taux d’emploi élevé en Suisse.

Il faut donc s’opposer aux quotas de travailleurs temporaires car un tel corset ne porte pas seulement atteinte à la liberté économique mais met aussi à mal le principal atout de notre marché du travail libéral: sa flexibilité.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».