La bureaucratie, ce poison qui aggrave la pénurie de personnel

29 novembre 2023 Revue de presse Opinions

Le fardeau administratif ne cesse d’augmenter, frappant en particulier les professions libérales.

Le malheur ne vient jamais seul. Toujours affectés par les tensions géopolitiques, la pénurie de main-d’œuvre et les affres de l’inflation, les employeurs doivent également faire face au poids croissant des charges administratives. Un fardeau qui réduit à la fois la rentabilité, la liberté d’action et la capacité d’innovation des entreprises.

Publiée début novembre par le bureau BASS, l’étude Charges administratives dans les professions libérales illustre cette dérive. Plus de la moitié des personnes exerçant une profession libérale, tels les médecins, les architectes, les physiothérapeutes et les ingénieurs, souffre d’un excès de contraintes administratives. Leur nombre a augmenté ces dernières années. Conséquence: les indépendants consacrent jusqu’à une journée de travail par semaine aux tâches réglementaires!

Des tâches dénuées de valeur ajoutée, susceptibles non seulement de niveler par le bas la qualité des prestations des professions libérales, mais aussi de renforcer la pénurie de personnel qualifié. Un médecin qui consacre dix heures par semaine à gérer sa paperasse réduira automatiquement le temps dédié à ses patients. Or, pour maintenir le même volume de prestations, il devra engager un autre praticien, ce qui risque, à terme, d’assécher le marché du travail.

 

Autre problème révélé: le zèle des fonctionnaires, qui se traduit par la volonté de tout vouloir régler dans le moindre détail

Pour réduire les activités les plus chronophages, l’Union suisse des professions libérales (USPL) propose une batterie de mesures, parmi lesquelles figure la numérisation des processus. En parallèle, elle apporte son soutien à la Loi fédérale sur l’allégement des coûts de la réglementation pour les entreprises (LACRE), récemment adoptée par les Chambres fédérales.

La nouvelle base légale est censée minimiser les coûts de la réglementation, qui se montent annuellement à 16 milliards de francs, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais qui risque de s’avérer insuffisant s’il ne s’accompagne pas de mesures similaires dans les cantons et dans les communes.

Autre problème révélé par l’étude BASS: le zèle des fonctionnaires, qui se traduit par la volonté de tout vouloir régler dans le moindre détail. Pas étonnant dès lors que l’USPL réclame une amélioration des relations entre l’administration et les administrés. Cela passe par une coordination accrue entre les différentes autorités administratives, la simplification des mécanismes de contrôle et la réduction des exigences formelles en matière de communication. Des mesures qui s’imposent d’urgence pour vaincre l’hydre bureaucratique.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «l’Agéfi».