Les entreprises peinent toujours à recruter. L’indice suisse de la pénurie de main-d’œuvre 2023 d’Adecco le confirme: malgré une croissance en berne, le manque de personnel qualifié a augmenté de 24 pourcent cette année et atteint un nouveau record. Sur fond de vieillissement démographique, ce phénomène va encore s’aggraver ces prochaines années.
Face à ce défi, les recettes miracles n’existent pas. Mais une chose est certaine: ni le personnel autochtone ni les travailleurs issus de l’Union européenne (UE) ne permettent de répondre aux besoins croissants des entreprises en spécialistes et en profils pointus. Dans les secteurs à forte valeur ajoutée, la perle rare se trouve souvent dans les pays tiers.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la décision du Conseil fédéral de maintenir pour 2024 les mêmes nombres maximums d’autorisations pour les ressortissants d’Etats tiers. Jusqu’à 8’500 employés qualifiés pourront ainsi être recrutés en provenance de cette catégorie d’Etats: 4’500 avec un permis de séjour B et 4’000 avec une autorisation de courte durée (permis L). Les contingents séparés pour le Royaume-Uni, de 3’500 personnes, restent également inchangés.
Seules 12’000 autorisations de travail seront délivrées pour les ressortissants de pays non-membres de l’UE/AELE en 2024. C’est trop peu
Le calcul est vite fait: seules 12’000 autorisations de travail seront délivrées par nos autorités pour les ressortissants de pays non-membres de l’UE ou de l’Association européenne de libre-échange (AELE) en 2024. C’est trop peu. Lorsqu’on sait que le recours à une main-d’œuvre spécialisée compte pour beaucoup dans la compétitivité et la capacité d’innovation des entreprises, une certaine souplesse s’impose. A terme, un plafonnement trop restrictif est susceptible de mettre en péril des projets à forte valeur ajoutée et, partant, des emplois en Suisse.
La décision gouvernementale ne tient donc pas compte des besoins de l’économie et fait fi de la demande du patronat de relever de 8500 à 9500 unités les contingents en provenance d’Etats tiers. Une demande motivée non seulement par les tensions que connaît actuellement le marché du travail, mais également parce que les autorisations attribuées à certains cantons, à l’instar de Genève et Vaud, ne suffisent pas. L’expérience montre que chaque année ces derniers doivent puiser dans la réserve fédérale afin d’avoir assez de permis de travail.
La revendication des employeurs reste valable même dans l’éventualité d’un affaiblissement de la conjoncture suisse dans le sillage d’un ralentissement économique mondial. Comme le montre une consultation menée récemment auprès des membres de l’Union patronale suisse, de nombreuses branches tablent sur une forte demande de personnel qualifié en provenance de pays extra-européens et sur un épuisement considérable, voire majeur des contingents en 2024.