Contingents des pays tiers: un assouplissement bienvenu

15 octobre 2018 Revue de presse

Relever les contingents des pays tiers pour répondre aux besoins des entreprises: la requête insistante des associations patronales a enfin trouvé une oreille attentive auprès du Conseil fédéral. L’événement est suffisamment rare pour être souligné. Dès le 1er janvier 2019, en effet, les entreprises auront accès à un total de 8500 d’autorisations destinées aux ressortissants des États tiers. Le nombre de sésame est ainsi relevé au niveau de 2014, comme demandé par les employeurs.

L’admission des travailleurs en provenance des États tiers est restreinte par des nombres maximums d’autorisations de courte durée (permis L) et d’autorisations de séjour (permis B). Elle est réservée à la main-d’œuvre hautement qualifiée, répartis par la Confédération et les cantons. Ces quotas sont fixés chaque année par le Conseil fédéral.

Or après la votation du 9 février 2014, l’exécutif fédéral a réduit les contingents des ressortissants des États tiers de 8500 à 6500. Cette décision a suscité l’incompréhension des milieux patronaux car le recours à une main-d’œuvre qualifiée compte pour beaucoup dans la compétitivité de l’économie suisse. De la possibilité de recruter de tels spécialistes dépendent au bout du compte de nombreux emplois, ainsi que la capacité d’innovation des entreprises et la création de richesse nationale.

Qui plus est, depuis quelques années, sur fond de vieillissement démographique, les entreprises doivent faire face à une pénurie aiguë de main-d’œuvre qualifiée. Un quart des PME seraient concernées selon étude publiée par le Crédit Suisse en juin 2017. A terme, cette évolution risque d’avoir des effets calamiteux – plus de délocalisations, moins d’implantations – pour la place économique suisse.

Ni le personnel autochtone ni les spécialistes issus de l’UE ne permettent de répondre à la demande de profils pointus qui émane des fleurons de notre économie tels notamment l’industrie pharmaceutique et la finance. Dit autrement, nombre d’entreprises sont tributaires des quotas de pays tiers fixés par le Conseil fédéral pour le recrutement de travailleurs ayant des qualifications particulières.

Après avoir consulté les cantons et des partenaires sociaux, le Conseil fédéral a donc sagement décidé pour l’année à venir d’augmenter de 500 unités le contingent de travailleurs originaires de pays tiers non membres de l’UE/AELE pour le porter à 8500 unités. 1000 permis B supplémentaires seront délivrés l’an prochain. En revanche, le nombre de permis de séjour de courte durée sera réduit de 500 unités.

Quelques mois après l’introduction de l’obligation d’annonce, cet assouplissement arrive à point nommé. Mais sera-ce suffisant pour accompagner la croissance économique qui restera solide en 2019 et, plus fondamentalement, pour pallier la pénurie de spécialistes dans les secteurs des mathématiques, de l’informatique, des sciences naturelles et technique (MINT) dont souffre la Suisse?

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».