Le rapport de l’observatoire publié chaque année par le Seco se penche sur les vingt années écoulées depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes en 2002. Les faits témoignent une fois de plus de l’importance de l’immigration européenne pour l’économie suisse. Celle-ci s’amplifiera encore à l’avenir en raison, d’une part, de l’évolution démographique et, d’autre part, d’une mutation structurelle intervenue ces deux dernières décennies en faveur d’emplois aux activités hautement qualifiées et d’une forte valeur ajoutée.
Après avoir été freinée de part et d’autre par la pandémie de coronavirus, la mobilité de la main-d’œuvre en provenance des États de l’UE et de l’AELE est repartie à la hausse à cause d’une demande accrue de personnel. En même temps, un déficit de main-d’œuvre se profile en Suisse et celui-ci continuera de s’aggraver au vu des évolutions précitées. La concurrence autour de la main-d’œuvre s’intensifie aussi au plan international parce que les États de l’UE et de l’AELE sont confrontés aux mêmes effets d’une population vieillissante et d’une décroissance démographique.
Même si la Suisse est toujours aussi attractive pour la main-d’œuvre étrangère selon le rapport de l’observatoire, elle est tributaire de la disponibilité de main-d’œuvre en général et de main-d’œuvre qualifiée en particulier, comme l’a souligné aujourd’hui Roland A. Müller, directeur de l’Union patronale suisse (UPS) à l‘occasion de la conférence de presse visant à présenter le dernier rapport de l’observatoire. «C’est justement cette disponibilité qui a incité de nombreuses entreprises de renom à s’installer en Suisse par le passé», a-t-il ajouté. L’immigration grâce à la libre-circulation des personnes (LCP) revêt aussi une grande importance pour le pourvoi d’emplois au profil de qualification moins élevé.
Dans un contexte de demande record de main-d’œuvre, l’immigration nette dans le cadre de la LCP et l’emploi de frontaliers ont connu une nette recrudescence en 2022, une dynamique qui s’est poursuivie au premier semestre 2023. D’après les explications du directeur de l’UPS cette évolution met une fois de plus en évidence le fort rapport au marché du travail de l’immigration en provenance des États de l’UE et de l’AELE.
Elle est régulièrement remise en cause par des cercles hostiles à l’immigration depuis l’entrée en vigueur de la LCP en 2002. Le jour du lancement de «l’initiative de durabilité» de l’UDC, les employeurs mettent par conséquent en garde contre les nouvelles tentatives de compromettre la libre-circulation des personnes et l’agitation injustifiée du spectre de l’immigration. On ne rappellera jamais assez, au contraire, que l’accord de libre passage avec l’UE a apporté à ce jour de la prospérité à la Suisse en augmentant la richesse et la qualité de vie.
