L’initiative lancée en 2011 visant à combattre la pénurie de personnel qualifié a pour but d’atténuer la pénurie de personnel qualifié et de réduire la dépendance de main-d’oeuvre étrangère. Le Conseil fédéral vient de publier son deuxième rapport de monitorage. L’analyse économique montre qu’au cours de ces dernières années, le potentiel autochtone a effectivement été mieux utilisé. Entre 2010 et 2016, l’offre de main-d’œuvre a progressé de 322’777 emplois à plein temps. Sur ce total, 118’600 s’expliquent par une plus forte participation de la population, notamment des femmes, à la vie active. La plus forte contribution à l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre est cependant due à l’immigration (effet sur la population).
Dans le deuxième rapport, la mise en œuvre de l’initiative sur l’immigration de masse (art. 121a Cst.) met encore davantage l’accent sur le marché du travail. L’obligation récemment introduite d’annoncer les postes vacants qui s’applique en cas de chômage accru ainsi que les mesures proposées par l’initiative prises dans les professions où sévit une pénurie de main-d’œuvre autochtone sont appliquées à titre complémentaire. Les défis démographiques auxquels est confrontée la Suisse demeurent et laissent conclure à une disponibilité en recul de main-d’œuvre et de personnel qualifié. Cette situation représente un danger à prendre au sérieux pour la compétitivité et la capacité d’innovation de l’économie suisse ainsi qu’une charge supplémentaire pour la prévoyance vieillesse.
Dans la perspective d’une demande croissante de personnel qualifié et du vieillissement de la population, les mesures visant une meilleure utilisation des potentiels de main-d’oeuvre autochtone au sens de l’initiative gagnent en importance. Toutefois, d’autres améliorations sont susceptibles d’entraîner des coûts élevés, étant donné que la Suisse présente aussi bien un taux d’emploi très élevé qu’un taux de chômage très faible. La Confédération, les cantons et les partenaires sociaux demeurent soumis à la nécessité de créer les conditions-cadre qui s’imposent sur le marché de la formation et du travail ainsi que des incitations dans le système de la sécurité sociale. Mais en ce qui concerne la sensibilisation, notamment au moyen du rapport «Du personnel qualifié pour la Suisse» et la coordination des activités, ils doivent assumer leurs responsabilités.
Enfin, dans un marché du travail libéral et ouvert, ainsi que dans un régime étatique fédéral, les entreprises et les individus sont obligés d’agir de manière autonome et de réagir en souplesse aux développements socio-économiques. Quant au succès et à l’aspect prometteur d’une initiative privée, ce sont les acteurs de l’intégration professionnelle qui, par leur collaboration constructive, au sein de l’association Compasso, peuvent en faire la démonstration. C’est ainsi que grâce à la coopération entre les employeurs et l’assurance-invalidité, environ 94’000 personnes atteintes dans leur santé ont pu, depuis 2012, soit conserver leur emploi, soit trouver un autre poste. Les partenaires sociaux eux aussi peuvent exercer une influence dans le cadre de leur domaine de compétences. Ce principe suisse de succès limite naturellement et à juste titre le rôle de la politique et des pouvoirs publics sur le marché du travail.