13e rente AVS: une lubie syndicale de plus

Verser une 13e rente AVS pour améliorer le revenu des retraités? C’est ce que demande l’initiative «Mieux vivre à la retraite (initiative pour une 13e rente AVS)» déposée en mai 2021 par les syndicats et la gauche. A en croire les initiants «augmenter les rentes AVS est la solution la meilleure et la plus sensée financièrement pour assurer un niveau décent des rentes».

Vraiment? En réalité, une telle générosité aurait pour conséquence d’affaiblir encore plus le premier pilier de notre État social. Un pilier bien chancelant depuis plusieurs années: touchée de plein fouet par l’évolution démographique et le déséquilibre croissant entre actifs et retraités, l’AVS se débat dans des difficultés financières de plus en plus préoccupantes.

Le Conseil fédéral l’a bien compris. Il rejette l’initiative car il ne voit «pas de marge de manœuvre financière pour une 13e rente de vieillesse AVS». Selon les estimations, l’acceptation de l’initiative entraînerait des dépenses supplémentaires d’environ 5 milliards de francs en 2032.

Mais qui paiera la facture? Tout en restant évasifs sur la question, les milieux de gauche envisagent de puiser dans les bénéfices de la BNS et de relever les cotisations salariales des employeurs et des salariés. Une fois de plus, les entreprises devront passer à la caisse pour financer les lubies syndicales.

Si les retraités verront leur rente AVS augmenter de 8,33 pour cent par mois, rien n’est prévu en revanche pour les bénéficiaires d’une rente AI ou d’une rente de survivants. Contraire à la constitution fédérale, cette inégalité de traitement entre les assurés du premier pilier est difficilement justifiable.

Plutôt que d’augmenter les rentes, les syndicats seraient bien inspirés d’apporter leur soutien à la réforme AVS 21, sur laquelle nous devrons nous prononcer le 25 septembre prochain, qui ambitionne de garantir l’équilibre financier de notre principale assurance sociale par une combinaison de mesures structurelles et financières.

Depuis quelques années, les craintes liées à la prévoyance vieillesse figurent parmi les principales préoccupations des Suisses qui, dans leur grande majorité, plaident pour des rentes sûres.

Pour remplir cet objectif, il faut des solutions équilibrées, plutôt qu’une nouvelle extension des prestations qui restera sous-financée. Proposer à la population une 13e rente AVS, alors que le déficit financier du premier pilier est toujours plus béant, est à la fois inacceptable et irresponsable.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».