13e rente AVS: ne pas toucher aux cotisations salariales

Dur retour à la réalité. Après le oui à la 13e rente AVS dans les urnes, le moment est venu de s’atteler au financement de la réforme.

Le défi est de taille: l’adoption de l’initiative «mieux vivre à la retraite» (13e rente) entraîne des dépenses annuelles supplémentaires d’environ 5 milliards de francs à partir de 2030.

La balle est dans le camp du Conseil fédéral, qui vient de mettre en consultation deux variantes de financement: la première prévoit une hausse des cotisations salariales de 0,8 pour cent; la deuxième repose sur un financement mixte combinant une hausse des cotisations salariales de 0,5 pour cent et un relèvement de la TVA de 0,4 point de pourcentage.

Ces propositions suscitent l’ire du patronat. Augmenter les cotisations salariales, c’est, une fois de plus, faire porter le fardeau du financement de notre principale assurance sociale uniquement sur les épaules des employeurs et des salariés.

Ces derniers ont déjà apporté leur contribution – à hauteur de 800 millions de francs – dans le cadre de la réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA) qui injecte annuellement 2 milliards de francs dans le fonds AVS. Revenir tous les cinq ans pour demander aux entreprises de refinancer notre prévoyance vieillesse, relève du bricolage politique.

Une décision qui risque d’alourdir le coût du travail, un des avantages compétitifs de l’économie suisse, d’autant plus malvenue que les entreprises ressortent d’une période marquée par les aléas de la pandémie de Covid-19 et par des crises multiples.

Augmenter les cotisations salariales, c’est, une fois de plus, faire porter le fardeau du financement de notre principale assurance sociale uniquement sur les épaules des employeurs et des salariés

Les jeunes actifs seront les grands perdants de l’opération. Opposés à la 13e rente AVS, ils devront payer des cotisations plus élevées tout au long de leur carrière. De leur côté, les retraités bénéficieront d’un coup de pouce financier sans contrepartie. Une étrange conception de la solidarité intergénérationnelle.

Mais alors qui doit payer l’extension de l’AVS? Les employeurs privilégient un financement exclusif par la TVA. A cela deux raisons. D’abord, parce qu’il s’agit de la solution la plus solidaire, qui pèserait le moins sur l’économie et mettrait tout le monde à contribution, même les retraités, qui ne mettraient pas la main au porte-monnaie si le financement reposait uniquement sur les cotisations salariales. Ensuite, parce que les alternatives actuellement discutées, comme une taxe sur les transactions financières, ne contribueraient que partiellement à couvrir l’extension de l’AVS, qui exige un financement constant et stable.

Les débats autour de la 13e rente ne doivent pas faire oublier que la situation financière du premier pilier est alarmante. Des mesures structurelles s’imposent. Le Conseil fédéral a été chargé par le Parlement de présenter d’ici à fin 2026 un projet de stabilisation pour la période 2030 à 2040. Toutes les options, y compris le relèvement de l’âge de référence, doivent être soigneusement examinées.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».