L’exigence d’une 13ème rente AVS n’est pas sérieuse

5 mars 2020 Nouvelles

L'Union syndicale suisse (USS) veut lancer une initiative populaire pour une 13e rente AVS pour mieux vivre à la retraite. Cette opération politique passe totalement à côté des réalités.

Tout le monde s’accorde à dire que la prévoyance vieillesse en Suisse doit être réformée de toute urgence. Les avis sont partagés quant aux voies que devraient emprunter la réforme. Pour l’Union patronale suisse (UPS), en tout cas, une chose est sûre: l’initiative en faveur d’une 13ème rente AVS ne résoudra aucun problème, mais en créera d’autres.

Depuis 2014, le résultat de répartition de l’AVS est dans le rouge et le déficit se creuse d’année en année. D’ici quelques années, le nombre des retraités augmentera d’un million de personnes. Sous l’effet conjugué d’un ralentissement de l’immigration et de perspectives économiques incertaines, le trou financier annuel de l’AVS devrait dépasser cinq milliards de francs en 2030, et même dix milliards d’ici 2035 – dans le meilleur des cas. Ne serait-ce que pour combler un tel écart, il faut augmenter la TVA de 3 points supplémentaires ou relever de quatre ans l’âge de la retraite des hommes et des femmes, ou combiner les deux mesures.

Voilà pourquoi l’AVS a besoin d’une véritable réforme et non d’une nouvelle extension des prestations qui restera sous-financée, comme celle qu’annonce «l’initiative populaire pour une 13ème rente AVS». L’UPS propose pour sa part une réforme équilibrée et par étapes. Dans un premier temps, il s’agit de stabiliser financièrement l’AVS. Pour cela, une majoration modérée de 0,3 point de la TVA, associée à l’ajustement à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes, sera suffisante. Cette dernière mesure pourrait aussi s’accompagner d’une mesure compensatoire ciblée. Un tel plan de réforme portant de manière équilibrée sur les dépenses comme sur les recettes permettrait de stabiliser les finances de l’AVS au moins jusqu’en 2027. D’ici là, le débat politique doit avoir suffisamment progressé pour qu’une deuxième étape de la réforme puisse entrer en vigueur, qui comprendrait aussi un relèvement de l’âge de la retraite, mais général et progressif.

Le fait que les craintes liées à la prévoyance vieillesse aient régulièrement figuré ces dernières années parmi les principales préoccupations des Suisses devrait clairement nous rappeler ce que souhaite avant tout la population: des rentes sûres, à l’avenir également. Pour remplir cet objectif, il faut toutefois des solutions équilibrées, plutôt que des promesses de prestations supplémentaires et sous-financées. Promettre à la population une 13e rente AVS, alors que le déficit financier du premier pilier est toujours plus béant, n’est pas sérieux.