D’après la dernière enquête de l’UBS, les salaires augmenteront de 2,2 pour cent en moyenne. Cette enquête démontre aussi que le renchérissement ne pourra pas être intégralement compensé au niveau de l’économie globale. Une précédente enquête du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) laissait d’ailleurs déjà entrevoir que de nombreuses entreprises n’auraient pas de marge de manœuvre financière suffisante pour compenser la hausse du coût de la vie.
Dans un contexte de difficultés considérables pour les entreprises, l’augmentation de 2,2 pour cent prévue par l’enquête de l’UBS est très honorable. Le fait de ne pas être en mesure de compenser le renchérissement dans toutes les branches malgré une pénurie de main-d’œuvre de plus en plus criante est une preuve de plus que les entreprises sont obligées de tirer tous les registres pour cette revalorisation. Les estimations de l’UBS soulignent aussi l’importance primordiale des négociations salariales sectorielles entre les partenaires sociaux parce que celles-ci permettent une prise en compte ciblée de la situation économique des branches.
Ces dernières années, les salarié-e-s ont en outre souvent bénéficié d’un renchérissement négatif, ce qui s’est traduit par une hausse non négligeable des salaires réels de 0,8 pour cent ces dernières années.
Après avoir été nombreuses à connaître des difficultés de survie pendant la crise du coronavirus dans les branches les plus diverses, la levée d’une bonne partie des restrictions liées à la pandémie et l’embellie économique qui allait de pair ont permis aux entreprises de reprendre brièvement leur souffle. Il est rapidement apparu, cependant, que la reprise conjoncturelle simultanée dans de nombreux pays allait compliquer la recherche de main-d’œuvre. Avec la forte hausse de la demande internationale, de nombreuses entreprises ont aussi eu à se battre contre des difficultés d’approvisionnement, qui ont encore été accentuées par le régime restrictif face au coronavirus appliqué par la Chine. Et comme si le challenge à affronter ne suffisait pas, la Russie a, par-dessus le marché, lancé une guerre d’agression contre l’Ukraine qui s’est traduite entre autres par un bouleversement des cours de l’énergie.
La perte de pouvoir d’achat a déjà commencé à se profiler au cours de l’année alors que les entreprises ont été et sont encore confrontées à des difficultés d’une ampleur qu’on n’a plus connue depuis des décennies. Malgré un bon carnet de commandes, les problèmes d’approvisionnement des entreprises ont souvent empêché la fabrication et la livraison de produits finaux. A fortiori, la hausse des prix consécutive à une inflation importée a aussi pesé sur les marges des entreprises et, partant, sur la marge de manœuvre pour des augmentations de salaires. Entretemps, la conjoncture s’est même sensiblement dégradée engendrant de fortes incertitudes pour de nombreuses entreprises dans un contexte de risque de pénurie d’énergie. Malgré un ralentissement de l’économie, les besoins en main-d’œuvre qui compliquent, voire rendent impossible le pourvoi de postes vacants dans de nombreuses entreprises, restent pourtant soutenus.