Nouvelle décision hâtive sur la compensation du renchérissement

26 septembre 2022 Nouvelles

Seconde chambre sur le dossier, le Conseil des États a adopté à son tour les motions du Centre et du PS en faveur d’une compensation intégrale du renchérissement dans les rentes AVS. En accord avec la recommandation du Conseil fédéral, les employeurs rejettent toutes propositions de ce type. Adapter unilatéralement les rentes au renchérissement est contraire à la logique de l'indice mixte, qui a fait ses preuves. De plus, la loi actuelle garantit déjà un ajustement à la hausse des prix.

On se frotte les yeux de consternation: l’encre des résultats de la votation de dimanche dernier n’est pas encore sèche que le Parlement décide déjà d’infliger des dépenses supplémentaires au premier pilier. Suite au Conseil national, la Chambre des cantons vient en effet d’adopter en session spéciale les motions du groupe du Centre et du conseiller aux États Paul Rechsteiner. Ces deux interventions, bien qu’avalisées à des majorités moins nettes par le Conseil des États, demandent au Conseil fédéral d’adapter exceptionnellement les rentes AVS au renchérissement dès le début de 2023. Pour cela, «l’indice mixte», qui a jusqu’ici fait ses preuves et qui repose sur la moyenne de l’évolution des prix et des salaires, ne s’appliquera donc pas. Les intervenants demandent aussi qu’à l’avenir, les rentes soient adaptées plus tôt en cas d’inflation supérieure à 2 pour cent.

Partageant l’avis du Conseil fédéral, l’Union patronale suisse (UPS) a rejeté ces propositions, c’est-à-dire le principe d’une adaptation des rentes basée sur le seul renchérissement actuel. L’indice mixte ancré dans la loi garantit aujourd’hui que les adaptations de rentes tiennent compte de manière adéquate de l’évolution des prix et des salaires. Cette formule permet d’ailleurs aux rentes AVS de progresser davantage qu’en fonction du renchérissement en cas de croissance réelle des salaires, comme le cas s’est présenté ces dernières années en raison d’une inflation faible, voire négative. Ajoutons à cela que les rentes, conformément à la loi, auraient de toute façon été adaptées au début de 2023, bien que dans une moindre mesure. Pour les employeurs, les décisions prises par les Chambres sont incompréhensibles. Cette adaptation extraordinaire, qui n’était pas indispensable, pèsera encore plus sur la situation financière déjà très délicate de l’AVS, situation à l’égard de laquelle le succès de la votation de ce week-end ne doit pas non plus faire illusion.