Sous-emploi des femmes, que faire?

Qui l'eût cru? La Suisse, l'un des pays les plus compétitifs de la planète qui affiche un taux de chômage parmi les plus faibles au monde, est également la championne du sous-emploi. Cette catégorie d'actifs comprend les personnes occupées à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage et sont disponibles pour le faire.

C’est un rapport publié à fin juillet par l’Office fédéral de la statistique (OFS) qui le révèle: en 2018, 356’000 personnes étaient en sous-emploi. Avec 7% de travailleurs à temps partiel qui aimeraient travailler davantage, la Suisse affiche ainsi le taux de sous-emploi le plus élevé d’Europe. Et cette proportion ne cesse de croître: le nombre de personnes sous-employées en Suisse a augmenté de plus de 30% entre 2010 et 2018. En équivalents temps plein, le volume de travail supplémentaire souhaité par les personnes en sous-emploi correspond à 108’000 emplois.

Un important facteur d’inégalité

En Suisse, six femmes sur dix occupent un emploi à temps partiel. La moitié d’entre elles travaillent à moins de 50%. Il s’agit là d’un important facteur d’inégalité salariale entre hommes et femmes, qui, de surcroît, entrave fortement ces dernières dans leur recherche de postes de direction. Il n’est dès lors guère surprenant que le sous-emploi affecte tout particulièrement les travailleuses: selon l’OFS, près de trois quarts d’entre elles souhaiteraient augmenter leur taux d’activité.

Faciliter la conciliation famille-travail

Face à un tel constat, des mesures s’imposent pour améliorer l’accès des femmes au marché du travail, a fortiori dans un contexte de pénurie de maind’oeuvre. Faciliter la conciliation famille-travail devient une priorité politique car, comme le révèle une récente étude de Credit Suisse, pour nombre d’entre elles, ce sont principalement les obligations familiales qui constituent un frein à l’emploi.

Quelques premières mesures allant dans ce sens ont déjà été prises sur le plan fédéral. On rappellera ici la prolongation jusqu’en 2023 de l’aide fédérale à la création de crèches, ainsi que la récente décision du Parlement d’augmenter la déduction fiscale des frais de garde des enfants par des tiers: au lieu de 10’100 francs par an, un maximum de 25’000 francs peut désormais être déduit de l’impôt fédéral direct.

Une Alliance interpartis

Toutefois, la réussite de l’action étatique ne saurait se passer du soutien des employeurs, un facteur clé pour promouvoir les carrières féminines. L’Union patronale suisse l’a bien compris. L’automne dernier, elle a créé une Alliance interpartis pour promouvoir la comptabilité entre vie de famille et vie professionnelle et les politiques en faveur de la petite enfance, qui a été placée sous le patronage de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter.

L’Alliance est en train d’évaluer les actions menées en matière d’emploi des femmes au niveau fédéral, cantonal et communal. Sur la base de cette analyse, des mesures visant à améliorer les conditions-cadre pour la prise en charge extrafamiliale et, partant, à réduire le sous-emploi des femmes pourront être prises.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».