En acceptant à une nette majorité l’initiative parlementaire redimensionnée 21.403 «Remplacer le financement de départ par une solution adaptée aux réalités actuelles», le Conseil National a jeté les bases de sa mise en œuvre efficace par le Conseil des États. Cette avancée importante qui permettra de mieux concilier travail et famille n’a que trop tardé. D’après l’Unicef, la Suisse est en effet classée 38e sur 41 pays évalués concernant l’accueil abordable et de qualité des enfants. Seuls Chypre, les États-Unis et la Slovaquie sont encore plus mal classés.
Cette insuffisance des offres d’accueil se répercute notamment aussi sur le marché du travail. En 2021, huit mères sur dix travaillaient à temps partiel, et trois sur dix même à moins de 50 pour cent. Plus de 15 pour cent des mères travaillant à temps partiel indiquent d’ailleurs qu’elles travailleraient volontiers davantage si les conditions-cadres étaient plus adaptées. Cette situation s’explique en général par le manque d’offres d’accueil extrafamilial ou le coût trop élevé de celles-ci. Dans ces conditions, il n’est plus rentable de travailler en général ou d’augmenter son taux d’occupation.
Il y a quelques jours, l’édition dominicale NZZ am Sonntag propageait le postulat très partial que les subventions aux crèches n’avaient aucun effet sur l’augmentation de l’activité professionnelle des mères. Il suffit pourtant de consulter brièvement la littérature scientifique pour battre en brèche ce jugement à l’emporte-pièce. En réalité, ce sujet a été largement étudié. D’autre part, les résultats dépendent fortement de la base d’exercice des travaux scientifiques. Il existe ainsi au moins deux études empiriques d’actualité pour la Suisse qui démontrent un effet clairement positif. Cette question a aussi été étudiée en profondeur à l’étranger et un grand nombre des études en question mettent un effet positif en évidence. Une augmentation des subventions aux crèches est ainsi tout à fait bénéfique à l’activité professionnelle des mères.
S’il y a un aspect qu’on perd souvent de vue dans le débat sur l’efficacité par rapport à l’activité professionnelle des mères, c’est qu’une offre suffisante d’accueil extrafamilial au coût abordable est aussi un préalable à de nombreuses autres mesures visant à mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, notamment un système fiscal incitant davantage à l’activité professionnelle. A moyen terme, cette démarche modifiera aussi les normes de genre parce que les bons retours d’expérience des femmes concernant les crèches devraient se traduire à l’avenir par un plus fort enracinement de l’accueil extrafamilial, par une plus forte activité professionnelle des mères et modifier ainsi les schémas des rôles actuels.
L’objet sera maintenant soumis au conseil secondaire qui se penchera à son tour sur le champ d’application et sur le financement du projet. Pour l’Union patronale suisse, il est essentiel que, même avec un projet redimensionné, l’effet sur l’activité professionnel des mères soit préservé. A défaut, nous serons revenus à la case départ.