Le «baromètre conditions de travail» établi chaque année par Travail.Suisse sur la base d’une enquête mesure les conditions de travail en Suisse. Celles-ci sont évaluées d’après vingt critères relevant des trois dimensions motivation, sécurité et santé. Le baromètre consiste à interroger un échantillon représentatif d’environ 1‘500 travailleuses et travailleurs.
Dès le premier coup d’œil, on constate que les résultats de l’édition 2022 du baromètre sont très positifs. On note ainsi une nette amélioration par rapport à l’année précédente dans les trois dimensions. Cette année, les salarié-e-s ont une appréciation sensiblement meilleure que par le passé de plusieurs critères. On n’a ainsi jamais atteint un indice aussi élevé depuis la première enquête en 2015 dans les dimensions de la motivation et de la sécurité.
La dimension de la santé et, plus concrètement le critère du stress méritent d’être approfondis. Par rapport à l’année précédente, moins de personnes interrogées se sentent stressées à leur travail, mais, à raison de 43 pour cent, le chiffre demeure élevé. La pression des délais et les interruptions du travail, en particulier, sont vécues comme des contraintes. Les entreprises doivent aussi contribuer à remédier à ce problème en développant des mesures qui permettent d’alléger la charge pesant sur les salarié-e-s. La bonne nouvelle pour les employeurs, c’est que les réactions concernant la contrainte temporelle sous la forme de la joignabilité en-dehors des horaires de travail et des journées de travail interminables se sont constamment améliorées ces quatre dernières années.
Durant les années de pandémie, en 2020 et en 2021, de nombreuses entreprises ont dû arrêter leurs activités ou mettre leur personnel au chômage partiel à cause des mesures de lutte contre le coronavirus. Cette recrudescence du stress ressenti en 2022 ne surprend donc pas l’Union patronale suisse (UPS). De mon point de vue, une comparaison avec les années antérieures au coronavirus me paraît bien plus importante et celle-ci est tout à fait positive. Beaucoup de personnes interrogées donnent en effet une appréciation élevée à l’affirmation selon laquelle ils disposent de suffisamment de temps de repos (temps libre par semaine et journées libres par an) pour récupérer du travail. On peut aussi se réjouir d’une diminution de la contrainte en temps sous la forme d’heures supplémentaires par rapport à la période antérieure au coronavirus. Les employeurs se réjouissent de ces évolutions et sont convaincus qu’un bon équilibre entre contraintes et délestage aidera sensiblement à mieux concilier profession et vie privée.
On constate de manière générale que les salarié-e-s profitent dans une large mesure de la flexibilité que leur offrent les employeurs. Près de 58 pour cent des personnes sondées indiquent pouvoir agir sur l’aménagement des horaires de travail. L’UPS se réjouit de la sensible augmentation de cette valeur par rapport à l’année précédente. La flexibilité des horaires de travail contribue dans une large mesure à une meilleure compatibilité entre vie professionnelle et vie privée.
Critiques injustifiées concernant l’égalité salariale
Depuis la révision de la loi sur l’égalité, les entreprises ont l’obligation d’effectuer une analyse de l’égalité salariale et d’en présenter les résultats au personnel et aux actionnaires. Travail.Suisse a critiqué les employeurs dans le cadre du baromètre en laissant entendre que seuls 25 pour cent environ des salarié-e-s avaient été informés des chiffres relatifs à l’égalité des salaires dans leur entreprise. Comme dans de nombreux cas, l’information des actionnaires se fera à l’occasion de la publication du nouveau rapport de gestion au premier semestre 2023, l’UPS rejette avec véhémence l’accusation de violation de la loi sur l’égalité dirigée contre les employeurs. Ceux-ci sont convaincus que les résultats des analyses salariales internes livreront un tableau positif de l’égalité salariale. Les premiers résultats publiés vont déjà dans ce sens.