Que faire pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle et, par là même, renforcer la participation des mères au marché du travail? Sur fond de pénurie de main-d’œuvre, la question agite le landerneau politique. Et pour cause: près de 80 pour cent des femmes actives ayant des enfants de moins de 15 ans travaillent à temps partiel. Un frein à leurs perspectives de carrière.
Deux propositions ont récemment été mises sur la table. Un congé parental de 38 semaines pour améliorer l’employabilité des mères. C’est ce que propose la Commission fédérale pour les questions familiales. Un projet à courte vue qui rate sa cible: il est permis de douter que davantage d’absences professionnelles des parents – soit 22 semaines de congé en plus qu’actuellement – favorisent l’égalité des chances sur le marché du travail.
Gérer des absences pendant plusieurs mois poserait des problèmes organisationnels insurmontables pour nombre d’entreprises, a fortiori à l’heure où elles manquent de personnel qualifié. Qui plus est, ces mêmes entreprises seraient appelées à financer le coût exorbitant du dispositif (1,4 milliards par an).
Des solutions moins onéreuses, plus durables, et donc plus efficaces que le congé parental doivent être privilégiées.
Des solutions moins onéreuses, plus durables, et donc plus efficaces que le congé parental doivent donc être privilégiées. Les entreprises ont un rôle clé à jouer en proposant des conditions de travail favorables aux mères. Mais cela ne suffit pas : l’offre d’accueil extrafamilial des enfants doit être améliorée de toute urgence.
Un rapport de l’Unicef confirme la nécessité d’agir dans ce domaine. La Suisse pointe au 38e rang sur 41 d’un classement établi par cette agence onusienne en 2021 en ce qui concerne l’accessibilité, la qualité et le caractère abordable des offres d’accueil extrafamilial des enfants d’âge préscolaire.
C’est surtout le prix prohibitif des crèches qui pose problème et qui pousse de nombreux parents à renoncer aux structures d’accueil extra-familial. D’après l’Office fédéral de la statistique, 15 pour cent des mères qui ont une occupation réduite travailleraient davantage si elles pouvaient recourir à des services de garde institutionnelle à un coût abordable.
Il faut donc agir dans cette direction. Une proposition concrète est en passe d’être adoptée au Parlement: le 1er mars dernier, le Conseil national a accepté une initiative parlementaire qui augmente de 770 millions de francs par an l’enveloppe fédérale destinée à l’accueil extra-familial. Ce coup de pouce financier permet d’accorder un rabais de 20 pour cent aux parents des enfants placés hors du foyer familial et d’encourager la création de places d’accueil supplémentaires.
Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».