En Suisse, un salarié sur dix occupe un emploi atypique. C’est l’étude «Formes d’emploi atypiques 2010-2020» de l’Office fédéral de la statistique (OFS) qui le révèle. Passée inaperçue, cette enquête permet de tirer plusieurs enseignements sur le marché du travail helvétique.
Selon l’OFS, le travail sur appel est la forme d’emploi atypique la plus fréquente (5,1 pour cent des salariés), suivi des contrats à durée déterminée de moins d’un an (3,1 pour cent) et des faibles taux d’occupation (2,3 pour cent). La location de services concerne 1,2 pour cent des salariés.
Pour 30 pour cent des salariés, le recours à un emploi atypique s’explique par la volonté de suivre une formation. La garde des enfants (20 pour cent) ainsi que les autres obligations familiales et personnelles (17,4 pour cent) viennent ensuite.
En dépit de l’essor des plateformes numériques, l’activité atypique est restée stable au cours de la dernière décennie. Le travail sur appel a même baissé de 0,2 pour cent entre 2010 et 2020, passant de 5,3 à 5,1 pour cent.
Les activités des travailleurs temporaires sont encadrées par la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services ainsi que par la CCT Location de services
Derrière les chiffres, un constat majeur se dégage: l’emploi permanent demeure la norme en Suisse, malgré les mutations rapides et profondes que connaît le marché du travail. En 2020, 90 pour cent des travailleurs exerçaient un emploi typique, à savoir l’emploi à plein temps avec un contrat de durée indéterminée et un employeur unique.
Le travail atypique est injustement stigmatisé. A en croire les syndicats, il précariserait les salariés et favoriserait la sous-enchère salariale. Vraiment? Une étude menée en 2010 par Ecoplan montrait, au contraire, que seuls 3,3 pour cent des emplois atypiques étaient précaires. On peut également rappeler que les activités des travailleurs temporaires sont encadrées par la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services ainsi que par la CCT Location de services.
N’en déplaise aux syndicats, le travail en horaires atypiques répond à un besoin des salariés. Il séduit de nombreux jeunes car il favorise leur entrée dans le monde professionnel et permet de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Pas étonnant dès lors que, selon l’OFS, les jeunes de 15 à 24 ans et les femmes recourent le plus souvent à ce type d’emploi.
Autre atout: le travail atypique est une forme de travail flexible qui permet aux entreprises d’ajuster leur besoin de main-d’œuvre au gré de la conjoncture. Une souplesse qui contribue à maintenir un taux d’emploi élevé en Suisse et de faire de face la pénurie de main-d’œuvre.
Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».