AVS 21: une réforme sur le dos des femmes, vraiment?

16 février 2022 Revue de presse Opinions

L’avenir de nos retraites se jouera dans les urnes. Pas moins de quatre objets – les réformes AVS 21 et LPP 21, et les initiatives populaires «Pour une 13e rente AVS» et «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne»- seront vraisemblablement soumis au vote ces prochaines années. Une fois de plus, le peuple aura le dernier mot.

La votation sur la réforme AVS 21, qui devrait se tenir cet automne, sera la mère de toutes les batailles. Le résultat de ce scrutin influencera de manière décisive les trois votations à venir.

Ses opposants l’ont bien compris. A l’origine du référendum contre AVS 21, les syndicats tirent à boulets rouge contre cette révision. Celle-ci serait un projet de «démantèlement des retraites sur le dos des femmes», susceptible de se traduire par des réductions de rentes de 1’200 francs par an. Vraiment?

En réalité, cette réforme repose principalement sur des mesures qui s’appliquent de manière égale aux hommes et aux femmes, tels le relèvement du taux de la TVA de 0,4 pour cent et la flexibilisation du passage à la retraite, qui permettront de stabiliser le premier pilier jusqu’en 2027.

Les syndicats peignent le diable sur la muraille et passent sous silence les mesures de compensation prévues par AVS 21 pour corriger les effets de l’égalisation de l’âge de la retraite à 65 ans pour les deux sexes. Les femmes de la génération transitoire – étendue sur neuf ans – recevront chaque année et pour le reste de leur vie un supplément de rente d’une valeur de plus de 500 millions de francs.

L’AVS, dont les finances vont à vau-l’eau en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, se voit ainsi imposer une charge supplémentaire pour les 35 à 40 prochaines années. Les femmes concernées bénéficieront d’un coup de pouce financier qui accroit leur rente vieillesse d’un montant allant jusqu’à 1’920 francs. Cela permet de faciliter l’accès à la retraite anticipée aux femmes qui ont commencé à travailler tôt et ayant un bas salaire.

On le voit, l’adoption de AVS 21 ne constituera nullement une régression sociale pour les femmes: de généreuses mesures de compensation pour atténuer la prolongation d’une année de leur vie active. Les syndicats font fausse route, d’autant plus que, selon plusieurs enquêtes, l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est de mieux en mieux acceptée par la population.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».