Les fausses bonnes recettes de l’USS

21 avril 2017 Revue de presse

Les travailleurs âgés sont, en effet, bien intégrés dans le marché du travail. Mais les plus de 50 ans au chômage ont souvent plus de difficulté à réintégrer le marché du travail que leurs collègues plus jeunes. Au lieu d’une protection renforcée des seniors en cas de licenciements, la priorité doit donc être donnée à l’adoption de mesures favorisant le retour à l’emploi de cette catégorie de chômeurs.

Depuis quelque temps, l’emploi des seniors agite le monde politique. Nombreuses sont les interventions déposées aux Chambres fédérales qui s’inquiètent du sort des travailleurs de plus de 50 ans. Soutenu par les partenaires sociaux, le Conseil fédéral s’attaque lui aussi au problème: le 25 avril prochain, il organise la troisième Conférence nationale consacrée aux travailleurs âgés.

Mais cette sollicitude grandissante à l’égard des travailleurs les plus âgés est jugée insuffisante par les syndicats. Ces derniers jours, la presse alémanique s’est fait l’écho de la volonté de l’Union syndicale suisse (USS) de renforcer la protection des seniors en cas de licenciements. Concrètement, la centrale syndicale préconise d’ancrer dans le code des obligations une prolongation du délai de résiliation pour les salariés de plus de 50 ans. Une fausse bonne idée qui ne répond à aucun besoin réel. Contrairement aux dires de l’USS, les travailleurs âgés sont en effet bien intégrés dans le marché du travail: en mars le taux de chômage des personnes de plus de 50 ans atteignait 3,2 pour cent, soit 0,4 pour cent de moins que la moyenne suisse.

Autre bonne nouvelle: plusieurs études comparatives montrent qu’en Suisse le taux d’activité de cette catégorie de salariés est l’un des plus élevés du monde. Vouloir renforcer la protection des seniors contre le licenciement aurait pour effet majeur de dissuader les employeurs d’engager cette catégorie de salariés. Une intrusion étatique coûteuse pour les entreprises, qui affaiblirait l’un des meilleurs atouts comparatifs da la Suisse: la flexibilité de son marché du travail. Le problème est ailleurs: les plus de 50 ans au chômage ont souvent plus de difficulté à réintégrer le marché du travail que leurs collègues plus jeunes. L’expérience montre que l’âge élevé associé à une formation inadaptée aux exigences du monde de travail actuel augmentent le risque de chômage de longue durée. La priorité doit donc être donnée à l’adoption de mesures favorisant le retour à l’emploi de cette catégorie de chômeurs.

C’est précisément la tâche à laquelle s’attelle la Conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés depuis 2015. Trois axes prioritaires ont été définis: l’optimisation de l’action des ORP, l’encouragement du perfectionnement professionnel et la sensibilisation des employeurs au potentiel des seniors. Trop souvent en effet ces derniers doivent faire face à des préjugés, tels leur manque de flexibilité et de créativité, qui nuisent à leur embauche.

Certes, ce plan d’action n’a rien de spectaculaire mais, comme le montre un premier bilan intermédiaire, il commence à porter ses fruits. A en croire les experts du Seco, toute initiative supplémentaire serait superflue. En vérité, une autre mesure permettrait de favoriser l’emploi des seniors: le lissage du taux de cotisations à la LPP des salariés les plus âgés. Or, cette proposition, prévue par la variante du Conseil national de la réforme «Prévoyance vieillesse 2020», a été rejetée aux Chambres fédérales par une coalition emmenée par le Parti socialiste suisse.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «l’Agefi».