Le Parlement ne veut pas réglementer davantage le marché du travail. L’événement est suffisamment rare pour être souligné. En effet, lors de la dernière session des Chambres fédérales plusieurs interventions réclamant un durcissement de la loi sur l’égalité (LEg) ainsi qu’une réduction du temps de travail par voie légale ont été sèchement rejetées.
Le 14 juin 2023, journée de grève féministe, les Chambres se sont penchées sur deux motions identiques (23.4208 et 23.313), qui demandent d’abaisser de 100 à 50 collaborateurs le seuil à partir duquel la LEg impose aux entreprises d’effectuer une analyse d’égalité des salaires.
Cette proposition n’a pas trouvé grâce aux yeux du législatif. Et pour cause. Avant d’envisager une quelconque modification de la LEg, il faut d’abord tirer un bilan sur l’efficacité des mesures destinées à renforcer l’égalité salariale prévues par cette même base légale. Un rapport du Conseil fédéral devrait être présenté en 2025.
Pour l’heure, toutes les enquêtes effectuées auprès des entreprises suisses à l’échelon national, cantonal et sectoriel, révèlent que l’écrasante majorité d’entre elles ont un système de rémunération équitable et respectent la LEg.
Le Parlement dit également non à la semaine de quatre jours. Il vient de rejeter deux motions (23.3226 et 23.3248) intitulées «Pour une réduction du temps de travail!». Ces textes préconisent l’introduction généralisée de la semaine de travail de 35 heures ou de quatre jours, qui doit s’accompagner d’une compensation salariale intégrale pour les bas et moyens salaires.
Depuis plusieurs années, la durée hebdomadaire de travail des salariés à plein temps ne cesse de baisser en Suisse: selon l’Office fédéral de la statistique, elle est passée de 44,1 heures en 1991 à 41,8 heures en 2021. Alors pourquoi vouloir réduire encore davantage le temps de travail?
Revendiquer la semaine de quatre jours payés cinq, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre
A l’heure où la pénurie de main-d’œuvre déferle sur la Suisse, une telle contrainte aggraverait le problème. Elle obligerait nombre d’entreprises à refuser des commandes ou à allonger (encore plus) les délais de livraison.
Elle ferait fi de l’extrême diversité de notre tissu économique, composé pour l’essentiel de PME. La semaine raccourcie imposée par le haut serait difficilement supportable – du point de vue organisationnel et financier – pour la grande majorité des entreprises du pays.
Revendiquer la semaine de quatre jours payés cinq, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre. En Suisse, les conditions de salaire et de travail sont fixées, dans les limites du cadre légal, de manière décentralisée au sein des entreprises ou par une convention collective. Ce cadre flexible est un atout qui doit être préservé.
Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».