Egalité salariale: l’étude qui tempère l’alarmisme ambiant

Une «nouvelle grande grève féministe» est prévue ce 14 juin 2023. La vague violette, aux revendications nombreuses et variées, va déferler sur les principales villes suisses. Nul doute que l’égalité salariale sera au cœur des manifestations, avec pour cible les entreprises.

A en croire les grévistes, ces dernières feraient fi de l’objectif constitutionnel «à travail égal un salaire égal». Autre grief: les plus grandes d’entre elles n’auraient pas effectué d’analyses salariales, malgré l’obligation qui leur est faite par la loi sur l’égalité (LEg). Vraiment?

L’étude sur l’égalité salariale que vient de publier le Centre de compétence de la Diversité et de l’Inclusion de l’université de Saint-Gall, pour le compte de l’Union patronale suisse, contredit ce discours. Elle remet également en cause les résultats alarmants de l’Enquête suisse sur la structure des salaires.

L’enquête de l’Université de Saint-Gall a été menée auprès de 615 entreprises de plus de 100 salariés, employant près de 550’000 collaborateurs. Il s’agit de la plus vaste analyse en matière d’égalité salariale effectuée à ce jour au sein des entreprises suisses. En voici les principaux résultats.

99,3 pour cent des entreprises (soit 458 sur 461), qui ont utilisé l’outil d’analyse officiel Logip, indiquent respecter le seuil de tolérance de 5 pour cent fixé par la Confédération et respectent par là même les prescriptions de la LEg.

Dans leur écrasante majorité, les grandes entreprises suisses ont un système de rémunération équitable.

Aucune différence de salaire entre femmes et hommes n’a été constatée dans 331 entreprises (sur 458), après prise en compte des caractéristiques spécifiques à la profession (niveau hiérarchique et niveau de compétence) et personnelles (formation, expérience professionnelle potentielle, années de service).  En d’autres termes, 71,8 pour cent des entreprises ayant utilisé Logip ne présentent pas de différences salariales entre les hommes et les femmes qui occupent des emplois comparables et présentent des caractéristiques personnelles comparables.

Les résultats sont tout aussi réjouissants pour les entreprises qui ont utilisé d’autres méthodes d’analyse salariale: 89 pour cent d’entre elles respectent les prescriptions légales en matière d’égalité salariale.

On le voit, dans leur écrasante majorité, les grandes entreprises suisses ont un système de rémunération équitable. A la lumière de ces résultats, il n’y a pas lieu de durcir la LEg, comme le demandent plusieurs interventions parlementaires.

Pour autant, il ne faut pas relâcher les efforts pour réduire les différences de salaire entre femmes et hommes en s’attaquant aux causes du problème: parmi celles-ci, on relèvera la pénalité de la maternité et le taux partiel, qui est nettement plus fréquent chez les femmes que chez les hommes.

 

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».