Endiguer l’étatisation rampante

3 novembre 2021 Revue de presse Opinions

Après dix-neuf mois de pandémie, l’État sanitaire ne relâche pas son emprise sur les entreprises. La recommandation de télétravail est toujours en vigueur, le certificat Covid est devenu obligatoire pour les événements en intérieur.

Mais l’ingérence étatique ne s’arrête pas là. Depuis mars 2020, plusieurs scrutins populaires – fédéraux et cantonaux – sont venus renforcer le vent réglementaire qui souffle sur le marché du travail depuis quelque temps. Un vent mauvais qui vide de sa substance le partenariat social et qui risque de mettre à mal notre modèle à succès d’inspiration libérale.

Dix jours. C’est la durée du congé paternité légal accepté en votation populaire le 27 septembre 2020 et entré en vigueur le 1er janvier 2021. Les syndicats se sont engouffrés dans la brèche: ils demandent que les deux semaines légales de congé paternité soient ajoutées aux solutions d’entreprise existantes ou aux mesures prises dans le cadre de conventions collectives de travail.

Après le congé paternité, le congé parental? C’est ce que réclament plusieurs interventions déposées au Parlement fédéral.  A Genève, le Parti vert’libéral a récemment lancé une initiative populaire cantonale préconisant un congé parental de 24 semaines. Les Bernois se prononceront en 2022 sur l’introduction d’un congé parental d’une même durée.

Les citoyens de Genève (le 27 septembre 2020) et de Bâle-Ville (le 13 juin 2021) ont dit oui au salaire minimum. Ces deux cantons rejoignent ainsi Neuchâtel, Jura et le Tessin qui avaient déjà introduit une telle réglementation. Et d’autres pourraient suivre: le POP Valais envisage de lancer une initiative pour un salaire minimum de 22 francs dans le canton.

Le 13 juin 2021, le peuple jurassien a adopté à 88,3 pour cent des voix l’initiative de Unia intitulée «Égalité salariale – Concrétisons!». Au vu de ce score soviétique, le syndicat espère que ce vote inspirera d’autres cantons. Parmi les cinq mesures prévues par ce texte, relevons l’obligation faite aux entreprises de plus 50 collaborateurs, contre 100 sur le plan fédéral, d’effectuer des analyses de salaire.

Face à cette étatisation rampante, une stratégie d’endiguement s’impose. Le défi majeur à relever dans le monde post-Covid sera d’éviter une réglementation du télétravail. Plusieurs interventions allant dans ce sens ont été déposées aux Chambres fédérales.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».