Une formation en présentiel pour les apprentis

24 février 2021 Revue de presse Opinions

Doit-on fermer les écoles pour réduire la propagation de la Covid-19? La question divise les experts. Le Conseil fédéral s’y oppose: son plan de semi-confinement ordonné en janvier dernier épargne le milieu scolaire. Bien lui en a pris puisque l’expérience du printemps 2020 a mis en lumière les ravages pédagogiques de l’enseignement virtuel sur les élèves en difficulté.

Les employeurs partagent ce point de vue. Etant responsables au premier chef de la formation professionnelle, ils s’accordent pour dire que la poursuite des cours en présentiel est indispensable au bon fonctionnement de cette filière de formation. Cette exigence s’applique tout particulièrement dans les professions où il est malaisé d’assurer l’enseignement exclusivement par les canaux virtuels ou le télétravail.

Afin que les jeunes actuellement en formation puissent obtenir une certification reconnue sur le marché du travail, il apparaît absolument nécessaire que l’acquisition de compétences s’effectue en présentiel sur les trois lieux d’apprentissage: entreprise formatrice, école professionnelle, cours interentreprises.

Mais entre les principes et la réalité, la distance est souvent longue. La crise économique liée à la pandémie éloigne les apprentis des lieux de formation. C’est ce que révèle l’enquête «Pouls des places d’apprentissage» menée en janvier 2021 par l’ETH de Zurich.

Le sondage montre qu’en raison des mesures de quarantaine et du semi-confinement, le nombre d’apprentis qui ne suivent pas une formation en entreprise est en augmentation. Un phénomène qui touche tout particulièrement les catégories professionnelles «Restauration, hôtellerie» et «Vente, achat». Conséquence: un quart des jeunes en apprentissage sont en télétravail.

A la lumière de ces résultats, les experts craignent que les lacunes cumulées dans l’acquisition des connaissances ne puissent plus être comblées durant le reste de la formation des apprentis.

La formation professionnelle doit être préservée en cette période de crise. L’extension du chômage partiel aux apprentis constitue un pas dans la bonne direction, mais insuffisant. Face au spectre de diplômes au rabais pour les «promotions Covid-19», les formations doivent pouvoir continuer à être dispensées sur le lieu de travail. Malgré le confinement, certaines entreprises montrent l’exemple en proposant des semaines pratiques à l’intention de leurs apprentis.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».