Pénurie de main-d’œuvre: le nouveau Parlement doit agir

1 novembre 2023 Revue de presse Opinions

Basculement à droite et renforcement du camp bourgeois: de prime abord, les résultats des élections fédérales du 22 octobre portent la promesse d’une meilleure prise en compte des besoins des entreprises. Une bonne nouvelle pour les employeurs car les défis économiques à relever pendant la prochaine législature seront nombreux.

Parmi ceux-ci: la pénurie de main d’œuvre qui frappe de plein fouet l’ensemble de l’économie. Si rien n’est fait, le vieillissement démographique aidant, 500’000 travailleurs pourraient manquer d’ici à 2030.

Pour éviter ce scénario catastrophe, le nouveau Parlement a un rôle à jouer. Comme le montre le Baromètre des opportunités 2023 de l’Université de Saint-Gall, tant les femmes que les retraités seraient prêts à travailler nettement plus, si les conditions-cadres étaient plus favorables.

S’agissant des femmes, l’équation est simple: 60 pour cent d’entre elles travaillent à temps partiel, dont une grande partie souhaitant accroître leur temps d’occupation. Cela passe par une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Un soutien financier accru aux crèches et des horaires de travail flexibles contribueraient à répondre à leurs attentes.

Des mesures s’imposent également pour développer l’employabilité des retraités. La Suisse est l’un des pays d’Europe où l’âge de départ à la retraite est le plus bas, bien que l’espérance de vie y soit plus élevée. En 2022, 37 pour cent des plus de 65 étaient actifs, selon l’OFS. Pour que les retraités deviennent une nouvelle force de travail, l’offre de formation continue en fin de carrière doit être étoffée et certaines rigidités supprimées, notamment dans la loi sur le travail.

Les besoins croissants des entreprises ne peuvent être uniquement couverts par du personnel autochtone.

Mais cela ne suffira pas. Les besoins croissants des entreprises en main-d’œuvre ne peuvent être uniquement couverts par du personnel autochtone. Dans ce contexte, l’accord sur le libre circulation des personnes avec l’Union européenne (ALCP) revêt une importance cruciale pour nos entreprises. L’expérience montre que les travailleurs européens ne concurrencent pas la main-d’œuvre indigène, mais la complètent judicieusement.

Pendant la législature 2023-2027, un défi majeur attend le Parlement: faire barrage à l’initiative populaire «Pas de Suisse à 10 millions!», (initiative pour la durabilité)». Cette dernière prévoit de mettre fin à l’ALCP, dès que la population aura atteint le seuil de 9,5 millions de personnes en Suisse. «Clause guillotine» oblige, l’acceptation de ce texte entraînerait entrainerait automatiquement la résiliation de l’ensemble des accords bilatéraux I.

Annuler les bienfaits de la voie bilatérale, verrouiller le marché du travail, aggraver le manque de personnel, l’initiative pour la durabilité est extrême et irresponsable. Elle doit être rejetée sans réserve.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».