Les résultats de l’AVS et de l’AI doivent secouer le monde politique

16 avril 2019 Nouvelles

Pour 2018, les comptes d'exploitation de l'AVS et de l'AI sont dans le rouge vif. Seule une réforme rapide et digne de ce nom, avec le relèvement à 65/65 ans de l'âge de la retraite, permettra d'assurer les rentes AVS ces prochaines années. Des mesures cosmétiques ne suffisent pas. De son côté, le programme de réduction de la dette de l'assurance-invalidité à l'égard de l'AVS n'avance pas comme prévu. Dans l'AI également, de nouvelles mesures d'allégement structurel s'imposent.

L’AVS a terminé l’exercice 2018 sur un résultat de répartition négatif de 1038 millions de francs. “Ce résultat s’inscrit dans la tendance observée depuis 2014 déjà”, a expliqué aux médias Compenswiss, le fonds de compensation AVS/AI/APG. L’année précédente, le produit des placements avait encore débouché sur un résultat d’exploitation AVS positif. Mais en 2018, les investissements n’ont pas eu l’effet escompté. Avec un trou de 1233 millions de francs, la perte d’exploitation de l’AVS s’est envolée à 2220 millions de francs.

La détérioration des perspectives économiques étant ce qu’elle est, on ne peut pas considérer le résultat des placements de 2018 comme une “anomalie” ponctuelle et s’attendre à ce que ce type de recettes puisse compenser à l’avenir l’impact négatif de l’évolution démographique sur les résultats de répartition. Dès lors, le Conseil fédéral et le Parlement doivent résolument aller de l’avant pour garantir la prévoyance AVS de demain. Seules des mesures structurelles – comme le relèvement rapide de l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et les femmes – pourront garantir le niveau des rentes AVS ces prochaines années.

En 2018, le résultat d’exploitation de l’AI a été, lui aussi, très négatif, avec une perte de 237 millions de francs, due principalement à la contreperformance – comme pour l’AVS – des résultats des placements (-172 millions de francs). Par conséquent, il n’a pas été possible de continuer à réduire comme prévu la montagne de dettes de l’AI (10,3 milliards de francs). Et selon Compenswiss, on peut s’attendre à ce que cet objectif reste inaccessible dans les années à venir. La date d’extinction de la dette envers l’AVS – laquelle a un besoin de plus en plus criant de fonds – se voit ainsi reportée à des échéances toujours plus lointaines. A l’origine, le désendettement était promis pour 2025, mais en raison des derniers développements, il n’aura probablement pas lieu avant 2035.

Le résultat de répartition négatif de 65 millions de francs enregistré par l’AI en 2018 est également préoccupant, puisque d’après les prévisions, il aurait dû être nettement meilleur. Etant donné que les rentrées provenant du financement additionnel qui a pris fin en décembre 2017 sont encore comptabilisées pour 2018, il ne reflète pas la situation réelle de l’AI. Sans ces recettes extraordinaires, qui manqueront à partir de 2019, l’AI aurait enregistré un déficit structurel de plus de 300 millions de francs en 2018. Pour le Parlement, c’est la démonstration éclatante que, contrairement à toutes les déclarations, l’AI n’est pas assainie et qu’il faut impérativement compléter le projet en cours du Développement continu de l’AI par des mesures d’allégement de nature structurelle.