Le Conseil fédéral rend un mauvais service à la prévoyance professionnelle

4 novembre 2020 Nouvelles

Lors de sa séance du 4 novembre, le Conseil fédéral a décidé qu'il n'était pas nécessaire de revoir le taux d'intérêt minimal LPP. Pour les employeurs, cette décision est incompréhensible, parce qu’elle est en contradiction avec les réalités et qu’elle ignore une fois de plus la recommandation de la Commission LPP.

Dans sa communication, le Conseil fédéral souligne que les marchés financiers sont actuellement stables malgré de fortes fluctuations passagères, ajoutant que les rendements des investissements en 2019 sont à nouveau très positifs pour les actions et l’immobilier.

Dès cet été, l’Union patronale suisse a critiqué la proposition de la Commission LPP de réduire à 0,75 pour cent seulement le taux d’intérêt minimal LPP pour 2021, jugeant ce taux manifestement trop élevé compte tenu de la fragilité des marchés de placement. Les institutions de prévoyance sont dans une situation financière difficile, encore exacerbée par le problème du coronavirus. Dans un contexte de taux d’intérêt toujours très bas, il devient de plus en plus difficile d’obtenir des rendements plus élevés sur l’épargne. Un nombre croissant de caisses de retraite sont en sous-couverture. C’est pourquoi la plupart d’entre elles ont dû utiliser prioritairement les produits de leurs placements pour provisionner en urgence les promesses de rentes.

Le taux d’intérêt minimal 2021 est déterminant pour ce proche avenir. A cet égard, le facteur pertinent à retenir n’est pas l’évolution historique des rendements, mais le développement futur des marchés de capitaux, qui est tout sauf rose, compte tenu surtout des répercussions de la crise sanitaire.

En prenant cette décision, le Conseil fédéral rend donc un mauvais service au secteur de la prévoyance professionnelle : alors que les institutions de prévoyance, celles proches du minimum LPP en particulier, se débattent déjà dans le corset réglementaire étouffant des paramètres légaux de la LPP, ce taux d’intérêt minimal inchangé de 1 pour cent vient limiter encore plus leur liberté d’action.

La seule solution de rechange consiste hélas à poursuivre le mouvement de redistribution, contraire au système, entre les générations.