Covid-19: les assurances sociales en péril?

16 septembre 2020 Revue de presse Opinions

Production en recul, tassement des exportations, croissance en berne, la pandémie bouscule l’économie suisse. Va-t-elle également laisser des séquelles sur les assurances sociales? A ce stade, il est difficile de le savoir: l’incertitude qui règne autour de la durée de la crise sanitaire est trop grande pour pouvoir établir des prévisions précises.

Un premier élément de réponse nous est donné par les «Nouvelles perspectives financières pour l’AVS, l’AI et le régime des APG», présentées début juillet par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). En substance, les chiffres de l’OFAS révèlent que le coronavirus entraînera des pertes à court terme dans les assurances sociales mais que ses effets resteront limités à plus longue échéance. Les cotisations devraient revenir à leurs niveaux d’avant la crise dès 2025. Au chapitre des prestations également, l’impact de la crise sera minime.

Des résultats somme toute positifs mais qui doivent être accueillis avec un optimisme prudent. Le contexte actuel ne doit pas nous faire oublier que, depuis quelques années déjà, les comptes de l’AVS et de l’AI sont dans le rouge vif. Et sans mesures structurelles, l’avenir des deux institutions sociales s’annonce extrêmement sombre, indépendamment du Covid-19.

Suite à l’acceptation de la réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA), le fonds AVS bénéficie annuellement d’une injection financière de 2 milliards de francs. Un bol d’oxygène qui s’avère insuffisant pour couvrir l’explosion des coûts promise par le départ à la retraite des baby-boomers. Sur cette toile de fond, vient se greffer la crise du Covid-19. A cela s’ajoute la baisse prévisible des produits de placement liée aux turbulences du marché. Conséquence: le résultat de répartition annuel (recettes moins dépenses) de notre principale assurance sociale se détériorera d’environ 3 milliards à court terme.

Pour l’AI également, le résultat de répartition restera négatif à court terme. Il est à craindre que le contexte anxiogène et l’isolement conduisent à une hausse de nouvelles rentes AI accordées pour des problèmes psychiques. Au total, un contrecoup de l’ordre de 3,5 milliards est attendu pour cette assurance.

Autre sujet d’inquiétude, l’endettement de l’AI à l’égard de l’AVS qui se monte à 10 milliards de francs. La perspective d’une réduction, initialement prévue à partir de 2025, de cette dette vertigineuse s’éloigne donc encore.

Un note positive, toutefois: les programmes de réintégration professionnelle des personnes atteintes dans leur santé, où les employeurs jouent les premiers rôles. Pour faciliter la transition du système de l’AI d’une assurance de rentes vers une assurance d’intégration, les employeurs ont créé l’association Compasso, un portail d’information et d’assistance, dont l’activité est couronnée de succès. En 2019, pas moins de 45’000 personnes ont demandé une mesure d’insertion professionnelle auprès des offices AI.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».