L’avenir de l’AVS: des choix importants sont à faire

8 février 2024 Nouvelles

Dans environ trois semaines, l'enjeu sera de taille pour la prévoyance vieillesse suisse et la population suisse: si l'on veut stabiliser notre premier pilier à long terme, il faut dire NON à la 13e rente AVS pour tous et OUI à l'initiative sur les rentes.

Les documents de vote sont actuellement en cours d’envoi, les textes des initiatives sont étudiés à la maison et les opinions sont échangées et consolidées : Dans un peu plus de trois semaines, les électeurs suisses se prononceront sur d’importantes propositions de réforme du premier pilier de la prévoyance vieillesse. Il s’agit d’une part de l’initiative pour une 13e rente AVS, qui vise à verser une rente supplémentaire à tous les retraités. D’autre part, nous votons sur l’initiative sur les retraites, qui souhaite relever l’âge de référence à 66 ans et le lier ensuite à l’espérance de vie.

NON au gaspillage de la 13e rente AVS pour tous

Les initiateurs de l’initiative pour une «13e rente pour tous» prétendent vouloir compenser la perte de pouvoir d’achat des retraités, ils affirment que le projet est «social», ils disent que l’AVS est «saine» et que la Suisse «peut se le permettre». Ce n’est pas le cas.

Lors du lancement de l’initiative en 2020, le communiqué de presse correspondant ne mentionnait pas une seule fois le mot «pouvoir d’achat». Les «excédents exorbitants de la Banque nationale» étaient alors cités comme proposition de financement des dépenses de quatre à cinq milliards de francs suisses par an. L’argument du pouvoir d’achat a été avancé plus tard, le timing étant idéal du point de vue des initiateurs. Mais en réalité, il s’agit pour eux d’étendre le 1er pilier et de renforcer encore la redistribution.

Le projet n’est pas «social» parce qu’il veut favoriser globalement la génération des retraités de manière forfaitaire – peu importe que quelqu’un soit fortuné ou non – et faire payer les coûts à la population active. Cela se ferait en premier lieu au détriment des jeunes et de la classe moyenne, car les couches les plus pauvres de la population reçoivent des subventions de l’État, comme par exemple des réductions de primes, et les couches les plus riches de la population sont moins touchées par des taxes sur la valeur ajoutée et des charges salariales plus élevées. L’injustice d’une 13e rente AVS culmine dans le fait que les personnes ayant des rentes élevées recevraient également un supplément de rente nettement plus élevé que les personnes ayant des rentes modestes.

Et pour finir: L’AVS n’est pas «saine» et ne dispose pas de fonds excédentaires qui pourraient être distribués à volonté. Les réserves de l’AVS, que les auteurs de l’initiative mettent volontiers en avant pour attester que l’AVS dispose de suffisamment de moyens, sont un argument malhonnête et ne servent pas de référence. Il s’agit de la réserve de compensation et de sécurité de l’AVS. De par la loi, elle doit correspondre à une dépense annuelle et s’élevait fin 2022 à 47 milliards de francs, soit 98 pour cent de la valeur requise. Même si ces réserves augmentent encore un peu jusqu’en 2030 (et diminuent ensuite rapidement) – cela ne rend pas l’AVS encore saine. Le résultat de la répartition, c’est-à-dire le rapport entre les recettes et les dépenses, est bien plus décisif. Celui-ci deviendrait immédiatement négatif avec l’introduction d’une 13e AVS à partir de 2026 et le déficit augmenterait fortement sans financement supplémentaire urgent.

Le 1er pilier sert à garantir le minimum vital. Le fait est que pour 10 à 20 pour cent des retraités, l’AVS ne suffit pas pour vivre. C’est là qu’interviennent les prestations complémentaires, qui garantissent la couverture des besoins vitaux. Des moyens judicieux et importants existent déjà aujourd’hui pour soutenir ces personnes en fonction de leurs besoins. Une solution d’arrosage, qui gaspille de l’argent et se fait au détriment des jeunes et de la classe moyenne, n’est pas nécessaire.

L’initiative doit donc être rejetée.

Pour un âge de la retraite adapté à notre époque

La deuxième initiative sur laquelle nous voterons en mars – l’initiative sur les rentes des jeunes libéraux – propose un automatisme qui placerait le financement de l’AVS sur une base nettement plus stable. L’âge de la retraite devrait être relevé à 66 ans pour tous d’ici 2033. Ensuite, il serait automatiquement lié à l’espérance de vie. Selon les prévisions actuelles de l’Office fédéral de la statistique, l’âge de la retraite augmentera d’un peu moins d’un mois par an et atteindra environ 67 ans et 7 mois en 2050.

Aujourd’hui, la population vit certes de plus en plus longtemps, mais elle ne travaille pas plus longtemps – la prévoyance vieillesse a donc des problèmes de financement. Ces problèmes sont renforcés par le fait qu’il y a de moins en moins de cotisants par retraité en Suisse.

L’idée de lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie a déjà été introduite avec succès dans d’autres pays européens, par exemple aux Pays-Bas et au Danemark. Cette approche a fait ses preuves. Ils occupent la première et la troisième place du Global Pension Index 2023 de la société de conseil Mercer en ce qui concerne la durabilité du système de retraite (la Suisse n’est que 11e).

Des solutions sont possibles – comme c’est déjà le cas aujourd’hui – pour les secteurs où les métiers sont particulièrement pénibles physiquement, par exemple, et les collaborateurs peuvent prendre une retraite anticipée. Cela restera possible. Comme c’est déjà le cas aujourd’hui, c’est aux partenaires sociaux (employeurs et organisations de travailleurs) de trouver des solutions qui tiennent compte des secteurs et de leurs besoins.

L’initiative mérite d’être soutenue.

Un dimanche de votation important pour la prévoyance vieillesse

Pour les employeurs, il est clair que le moment est venu d’actualiser durablement la prévoyance vieillesse suisse. Les électeurs suisses ont les cartes en main en rejetant le 3 mars 2024 la nocive et gaspilleuse 13e rente AVS et en acceptant l’initiative sur les rentes. Il ne faut pas un arrosoir qui distribue une rente supplémentaire à tous, mais des solutions modernes et judicieuses pour la prévoyance vieillesse.