Congé parental: trop long, trop cher

La récente introduction du congé paternité donne des ailes aux partisans du congé parental. Les propositions fusent. La dernière en date est celle du président des Verts Balthasar Glättli, qui préconise un congé parental de 18 semaines pour chaque parent.

Pour ses partisans, un tel congé constitue un instrument de politique familiale moderne qui améliore la conciliation entre vie privée et vie professionnelle pour le plus grand bénéfice des parents, des enfants mais aussi de la société et de l’économie. Une vision trompeuse qui laisse dans l’ombre plusieurs éléments négatifs.

Un congé parental de 36 semaines, est-ce bien raisonnable? Si on déduit les 14 semaines de congé maternité et les 2 semaines de congé paternité déjà en vigueur, cela fait tout de même 20 semaines de plus à financer par les allocations pour perte de gain et donc, par les salaires.

Une facture de 1,3 milliard de francs par an, selon les estimations de la Commission fédérale pour les questions familiales. Peut-on se permettre un tel luxe? Assurément, non. A fortiori dans le contexte économique actuel.

Une fois de plus les entreprises devront passer à la caisse. Or un financement via des charges sociales additionnelles ne ferait qu’alourdir encore les coûts salariaux déjà élevés en Suisse et risque de mettre en péril de nombreux emplois.

Autre inconvénient majeur: le congé parental imposé par la loi ne tient pas compte de l’extrême diversité du tissu économique suisse. Gérer des absences pendant plusieurs mois poserait des problèmes organisationnels insurmontables pour l’écrasante majorité de nos entreprises qui emploient moins de dix collaborateurs.

Même s’il est soutenu par le camp rose-vert, le congé parental a peu de chances de recueillir une majorité dans la Berne fédérale. Il y a quelques années, tant le Conseil fédéral que le Parlement ont rejeté une initiative populaire de Travail.Suisse, qui prévoyait d’introduire un congé paternité de quatre semaines, au motif qu’une telle solution entraînerait des charges supplémentaires pour l’économie.

On ne saurait trop souligner la nécessité d’adopter des mesures durables pour faciliter la conciliation famille-travail. Or, le congé parental ne contribue que partiellement à la réalisation de cet objectif. D’autres solutions, plus efficaces et moins onéreuses, telle l’amélioration des modèles de travail favorables à la famille, doivent être privilégiées.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».