Conférence internationale du travail: une ode au tripartisme

Fondée en 1919 sous l’égide du traité de Versailles, l’Organisation internationale du travail (OIT) souffle cette année ses cent bougies. Un jubilé dignement célébré lors de la Conférence internationale du travail (CIT) qui s’est récemment tenue à Genève.

Une quarantaine de Chefs d’Etat et de gouvernement et quelque 6000 délégués sont venus rappeler leur attachement à cette organisation qui, en favorisant le dialogue entre gouvernements, employeurs et travailleurs, contribue grandement à créer des emplois décents à l’échelle mondiale.

A la tribune, la plupart des Chefs d’Etat ont souligné les bienfaits d’un multilatéralisme fort, condition nécessaire pour relever les défis posés par les profondes mutations que connaît le monde du travail, notamment sous l’effet de l’innovation technologique, de la mondialisation, de l’évolution démographique et des changements climatiques. Or, à l’ère du repli identitaire et des nationalismes, la structure tripartite de l’OIT en fait un forum international et tripartite unique qui assure une concurrence équitable entre les pays par la fixation de normes communes.

L’adoption d’une Déclaration du centenaire devait constituer le point d’orgue de la CIT 2019. Un espoir déçu. Le texte adopté, fruit d’un laborieux compromis obtenu par les délégués des 185 membres de l’OIT, est truffé de déclarations de bonnes intentions. Rares et trop générales sont les propositions d’action. Trois points méritent, toutefois, d’être relevés.

Tout d’abord, la Déclaration vante les atouts du tripartisme. Dans un contexte global très mouvant, l’OIT appelle à une action urgente et concertée des gouvernements, des organisations des employeurs et des travailleurs. Cette coopération tripartite doit notamment permettre de saisir pleinement les opportunités offertes par le développement technologique et façonner un monde du travail équitable et inclusif.

L’OIT reconnaît, en deuxième lieu, le rôle des entreprises. Le paragraphe IX de la Déclaration mérite d’être transcrit en entier. La CIT déclare «appuyer le rôle du secteur privé en tant que principale source de croissance économique et de création d’emplois en promouvant un environnement favorable à l’entrepreneuriat et aux entreprises durables, en particulier les micro, petites et moyennes entreprises ainsi que les coopératives et l’économie sociale et solidaire plus large afin de générer du travail décent, de parvenir au plein emploi productif et d’améliorer les niveaux de vie pour tous».

Troisièmement, le texte fait enfin la part belle à la formation tout au long de la vie professionnelle. La numérisation de l’économie contraint les travailleurs à actualiser leurs compétences beaucoup plus vite que par le passé. L’apprentissage permanent devient une nécessité. Les gouvernements et les partenaires sociaux ont une responsabilité partagée afin de remédier aux déficits de compétences existants et d’adapter les systèmes de formation aux nouveaux besoins du marché du travail.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».