Desserrer le nœud de la protection des salaires dans le débat européen

28 octobre 2022 Nouvelles

La protection des salaires a été au cœur du premier débat sur l’Europe de l’Alliance pour une Suisse ouverte + souveraine. Cette discussion entre les employeurs et l’Union syndicale suisse a révélé que les deux parties poursuivent, au fond, le même but. Pour y parvenir les syndicats doivent toutefois se montrer ouverts à la discussion.

Nous ne pouvons pas nous passer de relations stables avec l’Union européenne (UE), non seulement pour l’économie mais aussi pour la Suisse entière. Depuis que le Conseil fédéral a rompu les négociations avec l’UE sur un accord-cadre institutionnel en mai 2021, la politique européenne suisse est au point mort. Or ce coup d’arrêt ne sert en rien la poursuite de la voie bilatérale. Ses conséquences se font d’ailleurs sentir dans de nombreux domaines. La pénurie d’énergie est la meilleure preuve de la nécessité d’un accord sur le marché de l’électricité avec l’UE. La Suisse n’a toujours pas pleinement accès au programme de recherche européen Horizon. La situation qui en résulte compromet la prospérité générale.

Une question taraude toute la Suisse en l’espèce: comment relancer la relation entre la Suisse et l’Europe ? Souhaitant apporter sa pierre à l’édifice, l’Alliance pour une Suisse ouverte + souveraine a lancé une série d’événements afin de dégager des ébauches de solutions viables grâce à des débats constructifs. L’Union patronale suisse (UPS) est partenaire de l’alliance et a participé au premier événement à Zurich.

L’un des principaux nœuds à desserrer dans la perspective de nouveaux pourparlers est la protection des salaires. Ce point est primordial, notamment en raison du haut niveau des salaires en Suisse. Les mesures d’accompagnement censées garantir le respect de la protection des salaires ont ainsi été l’une des raisons de la dernière rupture des négociations. C’est pourquoi la protection des salaires a été au cœur des débats lors de la première table ronde de l’Alliance pour une Suisse ouverte + souveraine. Les partenaires sociaux y ont échangé à ce sujet pour la première fois depuis longtemps.

Deux figures majeures du partenariat social se sont ainsi retrouvées autour d’une table: Roland A. Müller, directeur de l’UPS et Daniel Lampart, économiste en chef de l’Union syndicale suisse. On s’est vite rendu compte de l’existence de points d’accord par-delà les divergences. Les deux parties se sont ainsi félicitées des sondages de politique intérieure menés par le Conseil fédéral et de la création d’un groupe de réflexion au sein duquel les partenaires sociaux et d’autres acteurs de la politique intérieure sont représentés. C’est important pour calmer le jeu dans l’optique de nouvelles discussions.

stark + vernetzt

Il s’est aussi avéré que les deux parties poursuivaient, au fond, le même but: préserver à tout prix le niveau de protection des salaires en Suisse. Les avis divergent cependant sur les mesures envisageables. Roland A. Müller demande ainsi aux syndicats d’être ouverts à la discussion. Il est essentiel pour cela d’être prêts à accepter des mesures eurocompatibles. «La protection des salaires s’améliore aussi dans l’Union européenne. Certaines mesures sont compatibles de part et d’autre, et elles peuvent aussi garantir la protection des salaires chez nous», a estimé Roland Müller.

Le temps est venu, selon lui, de se mettre autour d’une table avec les syndicats et de remettre en question toutes les mesures d’un œil critique. Cela suppose toutefois que le Conseil fédéral donne un mandat de négociation aux partenaires sociaux.

Daniel Lampart, économiste en chef de l’Union syndicale suisse, a une fois de plus rétorqué que la protection des salaires n’était pas négociable. Il a cependant aussi constaté que les temps changeaient. Nous sommes curieux de voir si les syndicats finiront par revenir sur des années de politique de blocage en matière de protection des salaires.

Il y a un point sur lequel toutes les parties en présence sont unanimes: le développement des relations avec l’Union européenne ne peut réellement progresser que si le nœud de la protection des salaires est desserré.