Train de mesures nécessaire pour renforcer la formation professionnelle supérieure malgré le «non» du Conseil des États

7 mars 2023 Nouvelles

Le Conseil des États a rejeté la motion visant à introduire les titres de «bachelor professionnel» et de «master professionnel» pour les diplômes de la formation professionnelle supérieure au cours de la session de printemps. Il manque ainsi l’opportunité d’émettre un signal fort en faveur de la reconnaissance et de la notoriété de ces diplômes. Le mandat donné aux partenaires de la formation, à savoir élaborer et mettre en œuvre un vaste train de mesures visant à renforcer la formation professionnelle supérieure, est néanmoins conforté. Il est important de mieux reconnaître la formation professionnelle supérieure afin que les futurs professionnels continuent de choisir cette voie importante pour l'économie suisse.

La formation professionnelle, et par conséquent aussi les diplômes de formation professionnelle supérieure du degré tertiaire, sont spécifiquement axés sur les besoins de l’économie. Les diplômé-e-s des hautes écoles supérieures (examens professionnels et spécialisés supérieurs) sont recherchés en conséquence sur le marché du travail. Il est donc essentiel que la société les reconnaisse et que les aspirants professionnels choisissent ces diplômes en conscience. Soutenir l’introduction des titres de «bachelor professionnel» et de «master professionnel» aurait conforté cette démarche et offert à ce parcours de formation la reconnaissance qu’il mérite. C’est la raison pour laquelle l’Union patronale suisse (UPS) déplore en principe le rejet de la motion 20.350 par le Conseil des États (19 votes non contre 16 oui et six abstentions).

Le débat a toutefois mis en évidence que la classe politique a pris la mesure de l’importance de la formation professionnelle pour la prospérité de l’économie suisse et a compris qu’il était crucial de promouvoir celle-ci en à l’heure où nous manquons cruellement de main-d’œuvre. Plusieurs conseillères et conseillers aux États ont ainsi souligné que de nombreux jeunes devaient continuer de s’engager sur ce parcours de carrière et qu’il devait y avoir des possibilités d’évolution en la matière. De leur point de vue, l’équivalence des diplômes ne permet toutefois pas d’atteindre l’objectif visé dans la mesure où la formation professionnelle ne doit pas devenir académique mais rester axée sur la pratique. Ils ont également mentionné qu’en harmonisant les titres des diplômes, les priorités différentes des formations ne seraient plus reconnaissables au premier coup d’œil, ce qui pourrait créer la confusion.

L’UPS reste ouvert à l’introduction d’un «bachelor professionnel» et d’un «master professionnel» pour exprimer que ces diplômes relèvent de l’échelon tertiaire et ne sont ainsi en rien inférieurs aux masters de formation continue CAS / DAS / MAS. En raison de leurs titres anglais, ces offres de formation continue non formelles sont désormais largement reconnues dans la société même si elles n’ont pas besoin de satisfaire à des exigences académiques. Un diplôme de formation professionnelle supérieure présente de sérieux avantages : Le taux de chômage des diplômé-e-s de formation professionnelle supérieure est plus faible que pour les autres diplômes de l’échelon tertiaire, aussi bien un an que cinq ans après l’obtention du diplôme (rapport sur l’éducation suisse 2023, page 282).

Le Conseiller fédéral Guy Parmelin a lui aussi plaidé pour un rejet de la motion devant la chambre haute parce que l’administration fédérale présentera, cet été, un rapport réalisé en étroite collaboration avec les cantons et les partenaires sociaux qui comportera des mesures visant à renforcer la formation professionnelle supérieure et qu’il vaut par conséquent mieux attendre avant de prendre des décisions hâtives. L’UPS est aussi étroitement associée à ces travaux et soutient par conséquent aussi ce point de vue sur la motion.

Ce qui compte pour les employeurs, c’est que la formation professionnelle supérieure reçoive la reconnaissance qu’elle mérite malgré le rejet de la motion et qu’elle reste compétitive dans le système de formation suisse grâce à des conditions appropriées. Outre la question des titres, il y a notamment aussi des sujets tels que l’introduction d’une protection des désignations pour les hautes écoles supérieures ou l’optimisation du financement des cursus à traiter.