En cette année électorale, l’égalité salariale entre femmes et hommes sera au cœur des débats politiques. Le Parlement est appelé à se pencher sur plusieurs interventions demandant un durcissement de la loi sur l’égalité (LEg). Révisée en juillet 2020, cette base légale impose aux entreprises de plus de 100 collaborateurs de procéder à une analyse de l’égalité des salaires tous les quatre ans.
Les premières évaluations montrent que la très grande majorité des grandes entreprises suisses ont un système de rémunération équitable pour les femmes. Ainsi, l’enquête menée en 2021 par l’Université de Saint-Gall, révèle que 97% des entreprises respectent la LEg. Un renforcement de la LEg ne se justifie donc pas.
Ces résultats positifs sont hélas passés sous silence. En revanche, les médias font leurs choux gras des «discriminations salariales» mises en avant par l’Enquête suisse sur la structure des salaires (ESS). Celle-ci avance que l’écart salarial entre les sexes se monte à 18% dans l’ensemble de l’économie en 2020, dont 47,8% resteraient inexpliqués.
Ces chiffres alarmants renforcent le sentiment d’une discrimination salariale des femmes et ouvrent la voie à de nouvelles réglementations en la matière. Pire encore, ils ne reflètent pas la réalité: le logiciel Logip utilisé par l’administration fédérale laisse de côté plusieurs paramètres, telles les interruptions d’activité professionnelle et l’expérience professionnelle effective, qui ont pourtant une influence considérable sur le niveau des salaires.
Selon une étude de l’Université de Bâle, cet outil d’analyse officiel surestime la différence de salaire inexplicable entre femmes et hommes. Une autre analyse, publiée en décembre 2022 par l’Office de l’économie et du travail du canton de Zurich, fait apparaître qu’un écart salarial marqué existe uniquement dans la catégorie des personnes mariées. Dit autrement, selon l’étude, ce serait l’état civil qui creuse les inégalités salariales.
La Confédération serait donc bien inspirée de vérifier la pertinence de la méthode utilisée par l’administration fédérale en matière d’égalité salariale, comme le demande d’ailleurs le postulat 22.4462, déposé le 15 décembre par le conseiller national Marcel Dobler. Ce dernier demande au Conseil fédéral d’effectuer une étude qui analyse les causes possibles de l’écart salarial entre hommes et femmes, telles que la maternité, l’interruption de travail, l’état civil ou l’expérience professionnelle, en recourant aux méthodes scientifiques les plus récentes.
Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».