Salaires 2024: retour à la réalité

6 septembre 2023 Revue de presse Opinions

Quelle sera l’augmentation des salaires en 2024? Les syndicats affichent la couleur. Après l’Union syndicale suisse, qui réclame une hausse de généralisée de 5 pour cent, voici Travail.Suisse, qui réclame des augmentations allant jusqu’à 4,5 pour cent pour tous les salariés. C’est peut dire que ces revendications sont excessives dans le contexte conjoncturel d’incertitude actuel et de la situation financière d’un grand nombre d’entreprises.

A en croire les syndicats, ces prétentions salariales se justifieraient non seulement par l’envol de l’inflation, mais surtout parce qu’en 2023 les salaires réels devraient baisser pour la troisième année consécutive.

Ce qui est vrai, car ces derniers temps, les entreprises, déjà fragilisées par la pandémie, ont été frappées de plein fouet par une conjonction de crises (conflit en Ukraine, tensions sur les chaînes d’approvisionnement, crise énergétique), qui ont réduit d’autant leur marge de manœuvre salariale.

 

Les centrales syndicales omettent toutefois de préciser que les salaires réels ont augmenté en moyenne de 0,3% par an entre 2012 et 2022.

Les centrales syndicales omettent toutefois de préciser que les salaires réels ont augmenté en moyenne de 0,3 pour cent par an entre 2012 et 2022. Dit autrement, le narratif syndical selon lequel il y aurait un besoin de rattrapage des salaires en termes de productivité n’est pas défendable. A moyen long terme, les deux valeurs augmentent de manière égale. Autre constat: durant la dernière décennie, la politique salariale des entreprises suisses a renforcé le pouvoir d’achat de leurs collaborateurs.

L’USS et Travail.Suisse ont également tort d’exiger des hausses de salaires généralisées. Compte tenu de la grande diversité du tissu économique suisse, le niveau des rémunérations ne se décrète pas, mais se négocie de manière décentralisée – au sein des entreprises ou dans le cadre de conventions collectives de travail. Si les perspectives s’annoncent favorables, alors des hausses des salaires doivent être prévues de manière à faire participer les collaborateurs aux résultats des entreprises.

Or, la conjoncture en Suisse se refroidit sensiblement. En juillet, l’indicateur de la situation des affaires du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) a reculé de plus de cinq points à son niveau le plus bas depuis deux années. Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, qui devrait se poursuivre, le climat devrait encore s’assombrir ces prochains mois.
Selon une enquête récente menée par le KOF, la hausse des salaires nominaux anticipée par les entreprises en 2024 devrait être de 2 pour cent en moyenne. Ce même institut table sur un renchérissement de 1,5 pour cent pour l’année prochaine. Bonne nouvelle: 2024 devrait être à nouveau une année favorable aux salariés.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».