De grandes différences dans les négociations salariales pour 2014

5 août 2013 Nouvelles

Pour l’Union patronale suisse, les négociations salariales pour 2014 doivent tenir compte des différences de situation très marquées que l’on observe parmi les branches et les entreprises, des risques conjoncturels élevés et du fait que les perspectives économiques ne sont pas toutes enthousiasmantes. Compte tenu de la forte pression sur les marges, la rentabilité de nombreuses entreprises reste cependant insuffisante, malgré un volume de travail satisfaisant. La centrale syndicale Travail Suisse et les organisations associées Syna, Transfair, Hotel & Gastro Union ont présenté leurs revendications salariales pour 2014. Elles exigent des hausses de salaires substantielles, allant de 1 à 2 pour cent.

Par rapport à celle des pays européens qui l’environnent, l’économie suisse fait certes excellente figure et a réussi à se tirer très honorablement d’affaire malgré la récession persistante de la zone euro. La situation reste néanmoins contrastée, entre une conjoncture domestique vigoureuse et des exportations à la peine. Des secteurs de l’économie intérieure comme la construction et l’immobilier, ainsi que les services publics et privés, profitent d’une immigration constante, de taux d’intérêt modestes et de finances publiques relativement saines. En revanche, la récession européenne, combinée à la force du franc, continue de faire souffrir des branches exportatrices comme l’industrie, le tourisme et d’autres secteurs conjoncturellement sensibles.

Et cette situation pourrait perdurer. Pour 2014, on prévoit, il est vrai, un certain redressement qui s’étendra aux exportations et au marché du travail. Mais encore faut-il que l’économie mondiale redémarre et surtout que la zone euro sorte de la récession. Or, c’est précisément l’inconnue, d’où un facteur d’incertitude non négligeable. Les enquêtes mettent aussi en perspective une situation en demi-teinte – ni détérioration brutale ni éclaircie éblouissante. Dans l’industrie surtout, les évaluations sont prudentes, sous l’effet des incertitudes qui tendent à freiner les plans d’investissement.

Compte tenu des perspectives conjoncturelles plutôt modestes, une amélioration de la situation du marché du travail devrait encore se faire attendre quelque temps. Outre les facteurs d’incertitude (crise de la dette européenne, pas encore de stabilisation définitive des marchés financiers, nouvelle pression haussière toujours possible sur le franc), la Suisse n’est pas à l’abri d’un risque de surchauffe immobilière (persistance de conditions de financement très favorables pour les biens immobiliers). D’un autre côté, il n’y a pas de risque d’inflation dans l’immédiat, malgré la politique monétaire expansive de la Banque nationale. La Suisse devrait connaître un renchérissement négatif pour la deuxième année consécutive. L’inflation pourrait redevenir positive en fin d’année, mais à un niveau qui restera très faible.

Vers un large éventail des ajustements de salaires
Les perspectives d’avenir très variables selon les branches, les entreprises et les domaines d’activité auront des conséquences sur la marge de manœuvre salariale des entreprises. Celles dont la marche des affaires est satisfaisante et qui ont de quoi être confiantes dans l’avenir auront la possibilité d’honorer les bonnes prestations de leurs collaborateurs. Grâce aussi à la perspective d’une très faible inflation, elles peuvent offrir des ajustements positifs. Les entreprises pessimistes pour 2014 et qui n’ont pas les moyens d’augmenter durablement leurs coûts en ces temps incertains peuvent faire participer leurs collaborateurs au succès de l’année écoulée grâce à des primes uniques. Mais beaucoup d’entreprises particulièrement affectées par la force du franc n’ont pas ou presque pas de marge de manœuvre en matière salariale et devront veiller en priorité à conserver leurs emplois.

Revendications salariales de Travail Suisse
Pour 2014, la faîtière syndicale Travail Suisse réclame pour tous les travailleurs des hausses de salaires importantes, étagées entre 1 et 2 pour cent compte tenu de la nécessité de moduler les exigences en fonction des branches. Grâce à leur engagement et à la flexibilité dont ils ont fait preuve, fait valoir le syndicat, les travailleurs ont aussi permis à l’économie suisse de surmonter la crise et les défis de l’euro faible. Ils lui ont par là même assuré des gains de productivité, du même coup la possibilité de procéder à sensibles augmentations de salaires. Tavail Suisse exige cette année des augmentations générales et régulières et non plus des bonus et des primes uniques.

Avantage des négociations décentralisées
Dans de nombreuses branches et entreprises, les négociations ne débuteront que tardivement. Face aux incertitudes mentionnées ci-dessus, il est impossible de faire des prévisions définitives quant aux négociations salariales pour 2014. Pour l’année à venir – comme en 2013 –, l’éventail des accords obtenus sera large au sein des branches également. Compte tenu de l’inégalité très marquée des situations de départ, on ne peut que se féliciter, une fois de plus, du fait qu’en Suisse la fixation des salaires s’opère le plus souvent à l’échelon de chaque branche ou entreprise et qu’elle donne ainsi des résultats bien adaptés à la situation effective de chacune.