Travail Suisse pousse le bouchon trop loin

18 janvier 2016 Nouvelles

Travail Suisse aimerait mettre les employeurs davantage à contribution dans le domaine du perfectionnement. Ses exigences sont excessives. Le système de formation continue n’échoue que s’il s’applique à un groupe de personnes présentant des lacunes dans leurs compétences de base. A ce niveau, ce sont surtout les pouvoirs publics qui sont sollicités pour mieux épuiser ces potentiels.

A l’occasion de sa conférence de presse, l’association syndicale faîtière a traité la question de la formation continue à l’enseigne de « Les employeurs appelés à s’investir ». Elle s’intéresse particulièrement au rôle des employeurs dans le soutien de ses collaborateurs. Par ailleurs, Travail Suisse s’appuie sur  la loi sur la formation continue.

Il y a lieu tout d’abord de saluer le fait que les organisations d’employés se soucient de questions de formation continue, traitent le thème du niveau de qualifications des personnes actives, sensibilisent leurs membres à ces questions et les soutiennent dans ce sens. Il ne fait aucun doute que la formation professionnelle constitue un facteur clé dans un monde en constante mutation en raison des nouvelles technologies. Elle améliore l’employabilité des travailleurs et renforce la compétitivité des entreprises.

La Suisse s’en sort très bien au chapitre des indicateurs relatifs au marché de la formation continue qui représentent un volume de 5,3 milliards de francs environ. Dans notre pays, la participation à des cours de perfectionnement est relativement élevée. Les employeurs supportent une part considérable de ces coûts, que ce soit sous forme de soutien financier aux coûts directs ou sous forme de temps de travail mis à disposition. Dans l’ensemble, deux tiers des actifs sont soutenus au niveau de leur formation continue et les employeurs consacrent près d’un pour cent de leurs dépenses de personnel aux frais de cours de leurs collaborateurs. Indépendamment de cela, il ne faut pas perdre de vue que les employeurs organisent et exécutent eux-mêmes près de la moitié de leurs cours de perfectionnement professionnel.

Malgré ces efforts, Travail Suisse veut encore mettre davantage à contribution les entreprises pour la formation continue. Les employeurs cherchent à promouvoir le perfectionnement en tenant compte, dans leur politique du personnel, des exigences à respecter dans ce domaine. Il appartient toutefois en priorité aux travailleurs de développer de leur propre initiative leurs qualifications professionnelles et personnelles afin de réussir à long terme dans leurs activités. L’employeur ne peut priver le travailleur de cette responsabilité.

Afin de prévenir les malentendus, il importe de savoir que la loi sur la formation continue mentionnée par Travail Suisse est une loi-cadre de la Confédération qui s’adresse non aux entreprises à titre individuel, mais aux autorités ou au législateur. Elle ne contient pas d’exigences formulées à l’égard des entreprises.

C’est dans la catégorie des actifs les moins qualifiés qu’il importe d’agir. Les personnes qui ne disposent pas des compétences de base suffisantes telles que lire, écrire, calculer ou de connaissances simples en informatique ne peuvent  guère s’assumer totalement. Les possibilités qu’ont les entreprises de promouvoir ces collaborateurs sont limitées. Pour ces cas, la loi sur la formation continue prévoit que les pouvoirs publics créent  des moyens d’acquérir les compétences de base. En pratique, cela exigera aussi un engagement de la part des employeurs, par exemple celui d’encourager leurs employés à participer aux cours, de les soutenir dans la mesure qui convient sur le lieu de travail ou de contracter une forme de collaboration avec les fournisseurs de cours.