DES CONDITIONS DE TRAVAIL ENVIABLES

Voilà une étude qui ne devrait pas passer inaperçue à l’heure où le monde du travail est bousculé par le coronavirus. La publication «La qualité de l’emploi en Suisse de 2008 à 2018» de l’Office fédéral de la statistique (OFS) révèle que les conditions de travail des salariés suisses se sont améliorées ces dix dernières années, en dépit de la crise bancaire et financière de 2008 et du franc fort.

Une note positive dans le contexte actuel qui vient confirmer la forte capacité de résilience de notre marché du travail libéral et ouvert.

La première bonne nouvelle est que le salaire brut médian, qui se montait à 6502 francs par mois en 2016, a augmenté de 7,5% par rapport à 2008. Cette hausse a surtout profité aux classes de salaire inférieures qui ont bénéficié d’une hausse de revenu de 9,9% au cours de la même période.

Les femmes sont les principales bénéficiaires de cette heureuse évolution. Entre 2008 et 2016, leur salaire médian a augmenté plus fortement que celui des hommes (+11,7% contre 5,9%). Pendant la même période, la part des femmes dans les professions qualifiées a augmenté davantage que celle des hommes.

L’OFS l’affirme sans ambages: entre 2008 et 2017, les postes de travail sont devenus plus sûrs en Suisse. La fréquence des accidents et des maladies professionnelles affiche une tendance à la baisse qui s’accompagne d’une diminution des périodes de travail atypiques (soir, nuit et week-end).

La progression du sous-emploi

Contrairement aux dires des syndicats, les Suisses ne sont pas des bourreaux de travail. Pour preuve: un tiers d’entre eux travaillent à temps partiel et la durée de travail hebdomadaire des employés à plein temps ne cesse de diminuer pour se situer à 41,5 heures en 2018. En parallèle, le temps consacré au perfectionnement est en hausse: en 2016, 65% des actifs occupés avaient suivis une formation continue professionnelle.

Seule ombre au tableau: la progression du sous-emploi. Il s’agit de personnes occupées à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage. En 2018, 350’000 personnes étaient en sous-emploi, dont une majorité de femmes. Tout doit donc être mis en œuvre pour améliorer l’accès des femmes au marché du travail, a fortiori dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Face à la menace du coronavirus, on assiste à l’essor du télétravail. Or, force est de constater que ce mode de travail est en progression depuis plusieurs années déjà: en 2018, 28% des salariés suisses travaillaient, régulièrement ou occasionnellement, à domicile. C’est quatre fois plus qu’en 2001.

Cette évolution doit être encouragée. Le télétravail accroît en effet l’autonomie et la motivation des employés, améliore la productivité des entreprises (notamment en diminuant les coûts liés à l’absentéisme), facilite l’intégration des femmes sur le marché de l’emploi, tout en contribuant à lutter contre la pollution atmosphérique.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».