Sur recommandation de sa commission sociale, le Conseil national rejette à juste titre un congé de paternité de deux semaines financé par le régime des allocations pour perte de gain (APG). Les quelque 200 millions de francs par année qu’aurait nécessité cette mesure auraient alourdi les charges salariales annexes et affaibli un peu plus, ainsi, la compétitivité de l’économie suisse dans une situation déjà difficile pour elle. Il n’y a pas si longtemps, le Conseil fédéral a donné un signal positif en décidant de soulager quelque peu l’économie grâce à une légère réduction du taux de cotisation des APG. L’effet de ce geste bienvenu aurait été réduit à néant par l’introduction d’un congé paternité. Face aux défis qu’affronte la prévoyance vieillesse, la politique sociale doit mettre prioritairement l’accent sur les moyens de garantir le niveau actuel des rentes.
De plus, de nombreuses entreprises pratiquent de leur propre chef le congé parental ou savent trouvent des aménagements individuels pour gérer les absences de collaborateurs dues à des naissances. Dans la pratique, les décisions concernant l’introduction et l’aménagement d’un congé de paternité relèvent donc pas de l’Etat, mais des branches et des entreprises. Enfin, on ne saurait trop souligner la nécessité d’adopter des mesures plus durables que celle-ci pour améliorer la compatibilité vie de famille – vie professionnelle. On attend en particulier une action résolue du monde politique en faveur de la prise en charge des enfants hors du cadre familial et de l’élimination des incitations fiscales négatives.