Des assouplissements en faveur des télétravailleurs

Covid-19 et télétravail font bon ménage. Selon une enquête réalisée par Deloitte, près de la moitié des actifs suisses ont fait l’expérience du travail à distance pendant la période de confinement. Une expérience concluante, puisque d’après la même étude, la majorité d’entre eux souhaiterait continuer de travailler depuis la maison, même la crise passée.

Cet engouement ne doit rien au hasard. Autonomie, gain de temps, motivation: les avantages du télétravail sont nombreux pour les employés. Travailler depuis chez soi permet aussi de limiter les déplacements. Revers de la médaille: l’isolement et le manque de contacts sociaux. De nombreux parents peinent à concilier télétravail et occupation des enfants.

Nul doute que, l’incertitude liée à la crise sanitaire aidant, cette forme de travail s’installera durablement dans les entreprises. Le hic, c’est que le télétravail repose sur une base légale désuète: la loi fédérale sur le travail de 1964 (LTr). Une loi d’un autre temps, taillée pour le monde industriel, qui ne tient compte des besoins des télétravailleurs.

L’essor du télétravail appelle une modernisation de la LTr. C’est ce que réclame l’initiative parlementaire Burkart «Assouplir les conditions encadrant le télétravail», qui sera prochainement traitée par la Commission de l’économie et des redevances du national.

L’élu libéral-radical argovien demande d’apporter trois modifications à la LTr. Premièrement, les travailleurs concernés doivent pouvoir effectuer leur travail quotidien dans un espace de dix-sept heures, au lieu de quatorze. Précision importante: la durée maximum de la semaine de travail reste inchangée. Cette mesure est censée venir en aide aux parents qui pourront liquider quelques courriels urgents, une fois leurs enfants mis au lit.

Les opportunités offertes par le télétravail

Deuxièmement, une prestation professionnelle de courte durée et fournie occasionnellement, telle que l’envoi d’un e-mail, ne constitue pas une interruption de la durée du repos. Enfin, les dérogations à l’interdiction de travailler le dimanche ne sont pas soumises à autorisation lorsqu’elles concernent le travail dominical effectué à domicile.

Ces propositions suscitent l’ire des syndicats. Qu’ils se rassurent: les correctifs apportés à la LTr ne remettent pas en cause les dispositions sur la protection des travailleurs. De plus, ils ne concernent que les télétravailleurs qui peuvent fixer eux-mêmes leurs horaires de travail. Autrement dit, seule une minorité de salariés bénéficierait de ces assouplissements.

Le coronavirus a révélé les opportunités offertes par le télétravail, mais aussi les contraintes imposées par la LTr aux télétravailleurs. Envoyer un e-mail en soirée depuis la maison ne doit plus être interdit.

Pour ce faire, il faut moderniser cette loi, de manière à préserver la flexibilité de notre marché du travail sans pour autant affaiblir la protection de la santé des travailleurs.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».