La pénurie de main d’oeuvre: un défi permanent

19 janvier 2022 Revue de presse Opinions

Omicron déferle sur la Suisse et le nombre de personnes en quarantaine ou en isolement explose. Autant de travailleurs contraints de rester à domicile. Autant d’absences en entreprise susceptibles d’engendrer un manque de personnel dans plusieurs secteurs qui ne se prêtent pas au télétravail, tels le commerce de détail, l’hôtellerie-restauration et la santé. L’épreuve de trop pour les entreprises concernées, déjà fragilisées par de longs mois de crise sanitaire? En réalité, la pénurie de main d’oeuvre est une épée de Damoclès qui pend sur le monde du travail depuis plusieurs années.

En 2017, une enquête menée par Crédit suisse montrait qu’un quart des PME suisses étaient confrontées à un manque aigu de spécialistes. Le Covid-19 n’a donc fait que renforcer cette tendance. Et l’avenir s’annonce encore plus sombre. La vague de départs à la retraite des baby-boomers, la forte demande de travail à temps partiel et la limitation de l’immigration déstabilisent le marché du travail: selon les estimations, près de 500.000 travailleurs pourraient faire défaut à l’horizon 2030.

Un scénario catastrophe à éviter à tout prix. Le recours à la main d’oeuvre qualifiée compte pour beaucoup dans la compétitivité des entreprises, dans leur capacité d’innovation et, par ricochet, dans la prospérité du pays. Alors, que faire pour pallier le
manque de main d’oeuvre? Cela passe premièrement par la mise en place d’un système favorisant l’apprentissage tout au long de la carrière professionnelle. En même temps, il y a lieu de faciliter l’accès au marché du travail des quelque 350.000 personnes actuellement en sous-emploi en Suisse, à savoir ces actifs occupés à temps partiel qui souhaitent travailler davantage. Ce phénomène concerne tout particulièrement les femmes, puisque 60% d’entre elles occupent un emploi à temps partiel. Dans ce contexte, améliorer la conciliation famille-travail apparaît comme
une priorité absolue.

Mais ne soyons pas dupes, les besoins croissants des entreprises en spécialistes ne peuvent être uniquement couverts par du personnel autochtone. Dans les secteurs à haute valeur ajoutée, la perle rare se trouve souvent à l’étranger. Pour répondre à la demande croissante de personnel qualifié, le Conseil fédéral serait bien inspiré d’alléger les critères d’admission des travailleurs d’Etats tiers.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».