«Langer les bébés selon des règles officielles?»

24 août 2016 5 questions à...

Le 25 septembre 2016, les citoyens zurichois voteront sur l'initiative populaire «Pour une garde d'enfants accessible à toutes les bourses». Dans sa fonction de directeur de l'Union des associations patronales de l'industrie zurichoise (VZAI), Max Fritz est opposé à ce texte. Interrogé par l'UPS, il explique ici pourquoi un fonds cantonal destiné à subventionner la prise en charge extrafamiliale d'enfants n'est pas le moyen adéquat d'améliorer la compatibilité travail-famille. Son argument est que le système actuel de collaboration entre les communes et les particuliers fonctionne bien et qu'il s'ajuste aux besoins individuels des familles bien mieux que ne saurait le faire une instance cantonale.

Que vise exactement l’initiative «Pour une garde d’enfants accessible à toutes les bourses»? 
Ses initiants, membres de la Liste Alternative (AL), réclament la création d’un fonds de soutien cantonal financé par les employeurs et les indépendants en faveur de structures d’accueil extrafamiliales d’enfants. Cette majoration unilatérale d’impôts sur le dos des employeurs est censée soulager les parents et favoriser la création de places d’accueil dans les communes rurales.

Pourquoi vous opposez-vous à cette initiative, vous et votre association?
 Tel que proposé, ce texte annonce un surplus de contraintes et de frais administratifs, en contradiction avec l’objectif  même de l’initiative. Chaque année, il faudrait trouver quelque 120 millions de francs de recettes supplémentaires, ce qui se traduirait pour les entreprises zurichoises par une surcharge fiscale de 8,5 pour-cent. Un tel prélèvement additionnel accentuerait encore la pression sur le marché du travail et mettrait des emplois en danger. Les PME surtout, qui forment environ 99 pour-cent du tissu économique zurichois, s’en trouveraient pénalisées. Affaiblir pareillement l’économie zurichoise n’est pas dans l’intérêt des familles. Actuellement, la prise en charge d’enfants hors du cadre familial fait l’objet d’accords de répartition des coûts entre privés et communes. Il n’y a aucune raison de renoncer à ce système éprouvé, que les citoyens ont approuvé en 2010, en impliquant le canton dans cette tâche. L’initiative n’apporte pas de solution efficace et innovante. Raison pour laquelle, d’ailleurs, le gouvernement et le Grand Conseil la rejettent.

Les employeurs adhèrent fondamentalement à l’objectif de la compatibilité famille – travail et appellent de leurs vœux une meilleure intégration des femmes dans le marché du travail. Pourquoi s’opposent-ils donc à un projet destiné précisément à financer des structures d’accueil?
L’objectif de l’initiative, qui est de mieux concilier vie professionnelle et vie de famille, va tout à fait dans le sens souhaité par l’économie. Mais le moyen qu’elle propose n’est pas le bon. Il est établi que dans le canton de Zurich, l’offre de places d’accueil extra-familiales a doublé ces dernières années, et cela sans mesures contraignantes. Aujourd’hui déjà, les offres se déterminent en fonction des besoins des familles, variables de commune en commune. De plus, les communes où les contributions financières des parents sont modulées en fonction de leurs revenus ont adopté des réglementations socialement favorables et offrent des places d’accueil extrafamilial bien adaptées aux besoins. Car en fin de compte, l’intérêt des communes est de séduire les parents en âge de travailler en leur proposant des structures d’accueil bien développées et financièrement abordables. Malheureusement, l’initiative abolirait cette compétence communale. Or, il est inutile de prendre des mesures supplémentaires d’ordre législatif en matière d’accueil extrafamilial.

Que font les employeurs pour mieux intégrer les parents au marché du travail?
Les entreprises du canton de Zurich n’ont pas attendu l’initiative pour prendre diverses mesures dans ce sens. Par exemple, elles offrent à leurs collaborateurs des durées de travail flexibles, des journées home-office, des allocations de prise en charge d’enfants et des places de garderie dans leurs murs. De plus, elles contribuent indirectement au subventionnement des crèches en payant leurs impôts.

Quelles autres mesures proposez-vous en faveur de la compatibilité famille-travail?
Plutôt que d’ouvrir de nouveaux robinets à subventions, il faut veiller à déréglementer et débureaucratiser l’encadrement des enfants. Nous n’avons pas besoin d’un nouvel impôt pour les crèches, mais plutôt de supprimer des prescriptions inutiles sur les hottes d’évacuation, les tables à langer et les toilettes d’enfants. L’hyper-réglementation des conditions d’accueil extrafamilial d’enfants alourdit les dépenses de personnel, de construction et d’entretien. Lesquelles ont des répercussions directes sur les coûts de prise en charge facturés aux parents. Le démantèlement de toute bureaucratie superflue est le véritable point de départ d’une offre de places d’accueil concurrentielle et d’un prix abordable. Elle seule permettra finalement de mettre des places d’accueil à disposition du plus grand nombre.