AVS: un répit de courte durée

10 juin 2019 Revue de presse

Deux milliards de francs. C’est le montant qui sera versé annuellement au fonds AVS dès 2020, suite à l’acceptation de la réforme RFFA. Un bol d’oxygène pour notre principale assurance sociale. Mais une somme insuffisante pour couvrir l’explosion des coûts promise par le départ à la retraite des baby-boomers: selon l’Office fédéral de la statistique, le nombre de retraités passera de 1,5 à 2,6 millions entre 2015 et 2040, contre une progression de 1,7 à 1,9 million seulement chez les jeunes jusqu’à 19 ans.

Un scénario qui met à mal l’équilibre entre cotisants et rentiers. Conséquence: malgré les recettes supplémentaires qui viennent d’être votées, le résultat de répartition de l’AVS retombera dans le rouge en 2023 déjà. Sans mesures correctrices, le fonds AVS présentera quant à lui un déficit d’environ 5 milliards de francs par année en 2030. Ce montant doublera en cinq ans seulement, pour avoisiner les 10 milliards en 2035!

Relever l’âge de la retraite

Une réforme structurelle est donc plus que jamais nécessaire pour assurer la pérennité de notre premier pilier. Axé presque exclusivement sur des recettes supplémentaires, le projet AVS21 mis en consultation en 2018 par le Conseil fédéral n’est pas viable. Il doit être remanié en profondeur.

Pour aller rapidement de l’avant, les employeurs préconisent un modèle de réforme équilibré sur le plan des recettes et des dépenses qui augmente progressivement l’âge de la retraite des femmes en quatre étapes pour l’aligner sur celui des hommes à 65 ans en 2025. En parallèle, une augmentation modérée de 0,3 points de la TVA est prévue.

De la sorte, l’AVS devrait rester dans les chiffres noirs jusqu’en 2025 au moins.

Ce n’est que dans une deuxième étape de la réforme, à partir de 2027 environ, qu’une hausse graduelle de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans doit être envisagée.

Le sujet n’est plus tabou: plusieurs enquêtes montrent qu’une majorité de Suisses y sont désormais favorables. Et pour cause: l’effet combiné d’un prolongement de la période de cotisation et d’une réduction de la durée du droit à la rente s’avère très efficace pour stabiliser les finances de la prévoyance vieillesse. De nombreux pays européens ont déjà franchi le Rubicon.

Un exemple à suivre: la Suisse sera bientôt l’un des pays d’Europe ayant l’âge de la retraite le plus bas et l’espérance de vie la plus élevée.

Le relèvement progressif de l’âge de la retraite apparaît indispensable à terme non seulement pour préserver les rentes, mais aussi pour contrecarrer la pénurie de personnel qualifié qui se profile.

Face à ce défi majeur, le projet AVS21 fait fausse route. Il prévoit en effet des mesures qui, au lieu d’inciter les travailleurs à poursuivre une activité professionnelle au-delà de l’âge de la retraite, renforcent l’attrait de la retraite anticipée.

Afin de corriger le tir, les employeurs demandent que la franchise AVS pour les revenus d’une activité lucrative au-delà de l’âge de la retraite ordinaire soit portée de 1400 à 2000 francs par mois, à titre d’incitation à rester plus longtemps dans la vie active.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».