Réforme de l’AI: non aux quotas

1 avril 2019 Revue de presse

Avec une dette qui dépasse les 10 milliards de francs et un résultat d'exploitation négatif de plusieurs centaines de millions de francs, les comptes de l'AI sont dans le rouge vif. La situation est à ce point préoccupante que le Fonds de compensation AVS/AI/APG estime improbable le remboursement de la dette de l'AI ces prochaines années.

Les faibles performances boursières, la fin du financement additionnel de l’AI par la TVA et la hausse du nombre de nouvelles rentes accordées pour des problèmes psychiques, expliquent ces mauvais résultats.

Dans ce contexte, des mesures d’économie s’imposent. Le Conseil fédéral l’a bien compris. Son projet «Développement continu de l’AI», qui vise en priorité une meilleure intégration professionnelle des jeunes souffrant de troubles psychiques, doit contribuer à assainir l’AI.

L’instauration de «quotas light»

La réinsertion avant la rente: l’orientation générale de la révision de l’AI a été soutenue par le Conseil national. Ce dernier vient de décider de ramener à 30 pour cent (au lieu de 40 pour cent) des allocations pour les rentiers AI avec enfants. Une décision qui doit être saluée. Il s’agit en effet de corriger les incitations défavorables à l’insertion professionnelle des assurés ayant de nombreux enfants. Un gros bémol, cependant l’acceptation de l’article «Convention de collaboration», stipulant que le Conseil fédéral peut conclure des conventions de collaboration avec des organisations faîtières du monde du travail avec des objectifs de réinsertion de nature contraignante. Pour le dire autrement, le Conseil national se dit favorable à l’instauration de «quotas light» dans les entreprises.

 

L’intégration sur le marché du travail ne se décrète pas d’en haut. Les quotas ne servent pas la cause des rentiers AI.

Erreur. l’intégration sur le marché du travail ne se décrète pas d’en haut. Les quotas ne servent pas la cause des rentiers AI: la contrainte n’incitera pas les employeurs à mettre en place des conditions de travail favorables à leur épanouissement professionnel.

Une collaboration mise en péril

En voulant imposer un corset étatique, le National met en péril une collaboration bien rodée entre l’AI, la SUVA, les assureurs privés, le corps médical, les organisations de personnes handicapées et les employeurs. Une collaboration couronnée de succès qui a pour principaux atouts des structures flexibles adaptées aux besoins.

Depuis 2012, selon la Conférence des Offices AI, environ 114’000 personnes inscrites à l’AI ont pu conserver leur emploi ou en trouver un nouveau, et la tendance est à la hausse. Les employeurs contribuent largement à cette réussite. Le portail d’information Compasso instauré sous l’égide de l’Union patronale suisse, soutien à l’aide d’informations, de conseils et de contacts les efforts des employeurs pour le maintien et le retour de leurs collaborateurs accidentés ou malades sur le marché du travail.

Le succès de Compasso le montre: une coopération sur une base volontaire est préférable à une solution sous contrainte étatique.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».