Emploi: ne pas oublier les jeunes

8 janvier 2018 Revue de presse

Avec un taux d’activité qui frôle les 80% et un taux de chômage de 4,9%, la Suisse est un petit coin de paradis en matière d’emploi. Mais derrière les chiffres globaux de l’OCDE se cachent des situations qui diffèrent sensiblement selon les tranches d’âge. En 2016, le taux de chômage des 15 à 24 ans, qui se situait à 8,6%, était plus que deux fois supérieur à celui des 55 à 64 ans, qui lui atteignait 3,8%. Comment expliquer ce fossé intergénérationnel?

Le passage de l’école à la vie active s’apparente à un parcours semé d’embûches. Le manque d’expérience professionnelle constitue un frein certain à l’emploi des jeunes. Un phénomène encore renforcé par la technicisation accrue de monde du travail qui exige des connaissances spécialisées. Autre problème: les jeunes adultes ont souvent des emplois plus instables que leurs ainés. En 2016, pratiquement un jeune sur quatre travaillait à temps partiel. Un véritable handicap pendant les périodes économiques difficiles.

En dépit de ces obstacles, les jeunes suisses font bonne figure à l’échelle internationale. En Europe, seules l’Allemagne et l’Islande présentent un taux de chômage inférieur à celui de la Suisse pour les moins de 25 ans. Cette situation enviable est due en grande partie à notre système dual de formation professionnelle qui fournit une solide formation pratique à deux tiers des jeunes helvètes et leur assure une large intégration au marché du travail. Les chiffres les montrent: les jeunes qui ont suivi avec succès un apprentissage sont moins touchés par le chômage.

Vieillissement de la population oblige, le sort des seniors sur le marché du travail fait actuellement l’objet de toutes les attentions. Or, au vu des statistiques du chômage, les jeunes méritent aussi une sollicitude particulière. Deux axes sont prioritaires. Premier axe: répondre aux défis de la numérisation en adaptant l’offre éducative. Les techniques numériques transforment de fond en comble les emplois et, partant, les qualifications demandées aux travailleurs.

Dans ce nouveau contexte, disposer de compétences de base dans les domaines des technologies de l’information et de la communication constitue un préalable indispensable à l’obtention d’un emploi.

Autre défi majeur: intégrer dans le marché du travail les jeunes sans emploi, ne suivant ni études ni formation, qui sont particulièrement exposés au risque de dépendre de l’aide sociale. Une véritable bombe à retardement.

Comme le montre la récente publication de l’Union patronale suisse «Gros plan sur le marché du travail», ces jeunes laissés pour compte étaient au nombre de 65’000 en 2016. La même année, 4,9% des jeunes de 18 à 24 ans n’avaient pas terminé leur scolarité obligatoire et ne suivaient aucune formation professionnelle ou scolaire.

Pour aider ces jeunes qui restent sur le carreau, une action conjointe entre l’Etat et l’économie doit être privilégiée. La voie à suivre a été tracée par l’association Check Your chance, qui est le fruit d’une collaboration entre le SECO et les milieux économiques, et dont le but est de faciliter, par des programmes spécifiques, l’entrée des jeunes dans la vie active.

Depuis cet automne, l’association dispose d’une «helpline» à l’attention des jeunes en recherche d’emploi.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».