Rendre le travail à la retraite plus attractif

De nombreuses personnes souhaitent rester actives après 65 ans, mais les conditions cadre les en dissuadent.

Travailler à la retraite n’est plus un tabou. Plusieurs études le montrent. Ainsi, selon une étude de Deloitte sur le vieillissement de la main-d’œuvre publiée en 2019, 40 pour cent des travailleurs âgés de 50 à 64 ans souhaiteraient continuer de travailler au-delà de l’âge de la retraite.

Cela n’a rien de surprenant. Pour de nombreux salariés de plus de 65 ans, une retraite active apporte des bienfaits indéniables: le travail éloigne de l’ennui, du vice et du besoin à tout âge. Or la réalité montre que peu d’actifs osent franchir les pas. A l’heure actuelle, seules 20 pour cent des personnes âgées de 65 à 74 ans poursuivent leur activité professionnelle. Un attachement encore trop marqué à l’âge couperet de 65 ans et des conditions financières dissuasives expliquent pour l’essentiel ces réticences.

Dans un contexte de pénurie de personnel inédite, tout doit être mis en œuvre pour que les retraités deviennent une nouvelle force de travail

Dans un contexte de pénurie de personnel inédite, tout doit être mis en œuvre pour que les retraités deviennent véritablement une nouvelle force de travail. Les entreprises y trouvent également leur compte: les travailleurs âgés possèdent un savoir-faire et une expertise incomparables, acquis tout au long de leur longue carrière professionnelle et transmissibles aux plus jeunes employés.

Dans ce contexte, Pro Senectute et l’Union patronale suisse viennent de présenter un catalogue de recommandations pour que la poursuite volontaire du travail après l’âge de référence devienne plus attrayante.

Des mesures incitatives peuvent être prises dans le cadre de l’AVS. Malgré la récente introduction de la réforme AVS 21, qui fait la part belle à la flexibilisation de l’âge de la retraite, des entraves à l’activité professionnelle des plus de 65 ans demeurent. Ainsi les personnes concernées doivent continuer de cotiser à l’AVS à partir d’un revenu mensuel de 1400 francs. Ces déductions salariales rendent la poursuite du travail moins intéressante d’un point de vue financier. Pour les personnes âgées de 65 ans et plus, la franchise devrait donc être sensiblement relevée, voire supprimée.

Les entreprises ont un rôle clé à jouer pour favoriser le maintien en emploi des travailleurs âgés, et ce à trois niveaux. Tout d’abord, en promouvant les carrières en arc. Ce modèle prévoit de réduire le taux d’occupation et les responsabilités des collaborateurs plus âgés. Une flexibilité bienvenue qui leur offre la possibilité d’adapter leur fin de carrière à leurs besoins et qui contribue à réduire la charge physique et mentale.

Ensuite, en favorisant l’apprentissage tout au long de la vie. Dans un monde du travail en constante évolution, l’âge ne doit pas être une barrière à la formation continue, qui s’avère décisive pour améliorer l’employabilité des travailleurs, tous âges confondus.

Enfin, en menant des entretiens de bilan réguliers. Le dialogue entre l’employeur et ses employés plus âgés permet de préparer au mieux la transition vers la retraite et d’aborder les projets d’avenir, y compris l’éventualité de travailler au-delà de l’âge de référence.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».