Face aux taxes douanières américaines, préserver les atouts du marché du travail suisse

Le Conseil fédéral et le Parlement disposent de plusieurs leviers afin de soutenir les entreprises qui subissent la guerre commerciale des Etats-Unis.

Avec un taux de chômage de 2,9 pour cent en mars 2025, le marché du travail suisse est en bonne santé. Mais le «Jour de la libération» est passé par là. La salve de taxes douanières annoncées par le président américain met-elle à risque cette réussite? S’il est trop tôt pour le dire, une chose est sûre: malgré l’instauration d’un moratoire de 90 jours, un taux de douane uniforme de 10 pour cent s’applique désormais à la Suisse.

La résurgence d’une conception autarcique des échanges commerciaux constitue assurément un défi pour la petite économie ouverte que sont la Suisse et son marché de l’emploi. Ce changement de paradigme annonce aussi un ordre économique plus instable et imprévisible où les employeurs seront moins enclins à investir et à embaucher du personnel.

Face au tumulte du monde, la Suisse possède un atout à faire valoir: son marché du travail flexible et ouvert qui lui a permis de surmonter avec succès plusieurs crises récentes. Un atout qui doit être préservé. Il s’agit en particulier de résister aux sirènes réglementaires et de faire aboutir rapidement les négociations sur les bilatérales III avec l’Union européenne, notre principal partenaire commercial et important vivier de main-d’œuvre qualifiée.

Autre atout: le régime des réductions de l’horaire de travail (RHT). Ce dispositif, qui a pour objectif premier de pallier un recul temporaire des activités et de préserver des emplois, a largement fait ses preuves dans le passé, notamment lors de la pandémie de Covid-19.

Il faut appliquer rapidement en ciblant les domaines où les coûts réglementaires sont en forte augmentation, telle que la sécurité au travail

En février dernier, le Département de l’économie a annoncé que des travaux préparatoires sont en cours pour renouveler la prolongation de douze à dix-huit mois de la durée maximale de l’indemnisation en cas de RHT. Compte tenu du contexte actuel, le Conseil fédéral devrait donner suite à cette proposition au début de l’été. Une excellente nouvelle pour l’industrie d’exportation, en proie à des difficultés multiples.

En ces temps troublés, augmenter les prélèvements sur les salaires revient à se tirer une balle dans le pied. Or, des vents contraires soufflent dans la Berne fédérale. Ainsi, en matière d’AVS, la Commission compétente du Conseil des Etats a récemment proposé une augmentation des cotisations salariales et de la TVA pour financer à la fois la 13e rente AVS et la suppression du plafond pour les couples mariés. Un projet à 7,5 milliards de francs par an qui alourdirait massivement le coût du travail.

Si la Suisse semble être bien positionnée face à la guerre commerciale, certains points restent à améliorer. Parmi ceux-ci figure la charge administrative des entreprises qui se monte annuellement à 16 milliards de francs, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). En septembre 2023, le Parlement a adopté une loi pour lutter contre l’hydre bureaucratique. Pour que cette nouvelle base légale ne soit pas qu’un tigre de papier, il faut l’appliquer rapidement en ciblant les domaines où les coûts réglementaires sont en forte augmentation, telle que la sécurité au travail.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».