AVS 21: les faits alternatifs des opposants

14 septembre 2022 Revue de presse Opinions

Le camp du non à la réforme du premier pilier détourne le débat en axant la campagne sur des sujets qui ne sont pas soumis au vote le 25 septembre prochain.

Elles ont été placardées il y a quelques semaines aux quatre coins du pays. Des affiches sur fond noir invitant le citoyen lambda à rejeter la réforme AVS 21 et qui annoncent des lendemains qui déchantent: les actifs devront travailler jusqu’à 67 ans, les femmes perdront 26.000 francs de rente. Vraiment? Deux slogans chocs détachés de la réalité qui doivent être contestés avec vigueur.

AVS 21 préconise l’égalisation de l’âge de référence des hommes et des femmes à 65 ans. Un point c’est tout. Alors pourquoi nous faire croire que la réforme est un premier pas vers la retraite à 67 ans? La réponse est simple: les opposants établissent un lien entre AVS 21 et l’initiative populaire «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne», récemment rejetée par le Conseil fédéral, qui ambitionne de coupler l’âge de la retraite à l’espérance de vie. Un lien artificiel puisque les deux objets sont totalement indépendants. Nul ne connaît le sort qui sera réservé à cette initiative en votation populaire.

26.000 francs de rente en moins pour les femmes? Une autre contre-vérité

26.000 francs de rente en moins pour les femmes? Une autre contre-vérité. AVS 21 améliore la situation financière des femmes à la retraite. Travailler une année de plus permet d’augmenter les cotisations du premier et du deuxième pilier ce qui, par ricochet, accroît la rente. Sans oublier le gain supplémentaire réalisé pendant l’activité professionnelle.

Des mesures de compensation sont prévues pour les femmes de la génération transitoire, qui recevront chaque année et à vie un supplément de rente pouvant aller jusqu’à 1920 francs. Pendant neuf ans, les femmes à revenus modestes pourront continuer à partir à la retraite à 64 ans sans aucune réduction de rente.

Les fausses informations ne s’arrêtent pas là. Les adversaires de la réforme entretiennent la fable de «l’AVS qui continue de faire des bénéfices». Rien de plus faux. En raison du vieillissement démographique, les finances de l’AVS vont à vau-l’eau. Voyez plutôt. De 2014 à 2019, le résultat de répartition (soit la différence entre les recettes et les dépenses de l’assurance) était dans les chiffres rouges.

Les deux milliards de francs injectés chaque année à partir de 2020 dans le fonds AVS, suite à l’adoption de la RFFA, n’offrent qu’un répit provisoire. Le résultat de répartition de l’AVS sera dans le rouge en 2025 déjà et, sans mesures correctives, le déficit cumulé totalisera quant à lui 15,9 milliards de francs en 2032.

Egalité salariale, bénéfices de la BNS, emploi des seniors, les opposants détournent le débat en axant leur campagne sur des sujets qui ne sont pas soumis au vote le 25 septembre prochain. Une fuite en avant qui résonne comme un aveu de faiblesse.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».