13e rente AVS: qui paiera la facture?

31 janvier 2024 Revue de presse Opinions

Le premier pilier de la prévoyance n’est pas un libre-service.

Mieux vivre à la retraite. L’initiative populaire portée par les syndicats promet des lendemains qui chantent. Une promesse tentante, mais au coût exorbitant. Selon les estimations, la 13e rente AVS entraînerait des dépenses annuelles supplémentaires de 5,3 milliards de francs en 2033. C’est bien là que le bât blesse.

Comment financer une telle réforme? Difficile de le savoir. Le texte de l’initiative reste muet sur la question. Et les syndicats demeurent évasifs, tout en affirmant que notre premier pilier se porte bien: il n’y a qu’à puiser dans ses réserves. Erreur! L’AVS n’est pas un libre-service. Ces allégations sont détachées de la réalité et doivent être contestées avec vigueur.

Certes, notre 1er pilier est provisoirement dans les chiffres noirs, mais cette situation enviable s’explique avant tout par l’introduction de la Réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA) qui, depuis 2020injecte quelque 2 milliards de francs par an dans l’AVS. A ce premier coup de pouce financier s’ajoutent, depuis le 1er janvier 2024, 1,4 milliard de francs promis par la réforme Stabilisation de l’AVS (AVS 21).

Un bol d’oxygène bienvenu, mais insuffisant pour couvrir l’explosion des coûts promise par l’allongement de l’espérance de vie et la vague de départ à la retraite de la génération baby-boom. Lentement mais sûrement, le premier pilier se retrouvera à nouveau dans les chiffres rouges dès 2031 sans 13e rente; en 2026 déjà avec une 13e rente. La priorité doit donc être donnée à un nouvel assainissement des finances de l’AVS.

 

Financer une 13 rente passera inévitablement par une hausse de la TVA et des cotisations salariales.

Financer une 13e rente passera inévitablement par une hausse de la TVA et des cotisations salariales. Relever le taux de TVA? Cela représenterait une charge supplémentaire de plus de 500 francs par an pour un ménage suisse moyen. Les syndicats, qui se posent en sauveurs du pouvoir d’achat, nagent en pleine contradiction. Relever les cotisations sociales? Une fois de plus, les entreprises devront passer à la caisse. Les travailleurs, eux, verront leur salaire baisser.

L’initiative populaire prévoit une augmentation généralisée des rentes. Conséquence: tous les retraités recevraient une 13e rente, y compris ceux – la grande majorité – qui n’en ont pas besoin. Un cadeau pour les riches en quelque sorte. Mais où donc est passée la justice sociale? De plus, les syndicats omettent délibérément de rappeler l’existence de prestations complémentaires pour les retraités qui peinent à joindre les deux bouts.

Fragiliser le financement de notre système de prévoyance, alourdir les charges des employeurs et des salariés, prétériter les consommateurs, tel est le cadeau empoisonné promis par l’initiative sur la 13e rente AVS. Elle doit être rejetée sans réserve le 3 mars prochain.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «l’Agéfi».