L’Union patronale suisse refuse l’initiative « Pour un revenu de base inconditionnel » qui doit permettre à tout un chacun de toucher un revenu de 2500 francs. D’une part, il serait impossible de financer un tel revenu, d’autre part, il supprimerait l’incitation à chercher un emploi.
L’initiative demande à la Confédération de veiller à « l’instauration d’un revenu de base inconditionnel ». Le financement et le montant du revenu de base seraient réglementés dans la loi par le Parlement.
Une facture chiffrée en milliards, impossible à financer
Les auteurs de l’initiative proposent que chaque adulte puisse toucher chaque mois 2500 francs par mois et chaque enfant 625 francs. L’idée de base est de faire en sorte que les personnes qui travaillent ou perçoivent une rente aient avec le revenu de base le même montant dans leur portemonnaie que ceux qui ne travaillent pas. Ainsi, un actif dont le salaire se montait jusqu’ici à 6000 francs toucherait à l’avenir 2500 francs de revenu de base et 3500 francs de salaire.
Les auteurs de l’initiative estiment les coûts du projet à quelque 200 milliards de francs par an. Sur ce montant, 110 milliards environ des recettes de l’impôt sur la consommation viendraient alimenter le pot du revenu de base, 70 à 80 autres milliards proviendraient d’économies réalisées sur les assurances sociales. Quant aux 20 à 30 milliards manquants, on ignore comment ils seraient financés.
Plus d’incitation à chercher du travail
L’idée d’un revenu de base inconditionnel a déjà été débattue à plusieurs reprises en Suisse, sans succès. Pas plus tard que l’année dernière, une initiative sur ce sujet a échoué, les 100 000 signatures requises n’ayant pu être récoltées. En 2011, le Conseil national a aussi rejeté catégoriquement une intervention de la gauche proposant un revenu de base.
L’Union patronale suisse est tout à fait opposée à l’introduction d’un revenu de base inconditionnel. D’une part, un tel projet serait impossible à financer, d’autre part, du fait même de l’inconditionnalité exigée par l‘initiative, l’incitation à chercher du travail, donc une activité lucrative, disparaîtrait. Par ailleurs, un tel projet s’inspire du principe inacceptable de l’arrosoir.
Refus du principe de l’arrosoir
Le conflit d’objectifs entre la lutte contre la pauvreté et le maintien de l’incitation à travailler est manifeste. Il est évident que les programmes qui visent à financer un niveau de vie suffisant vont de pair avec une incitation négative en matière de travail. C’est la raison pour laquelle il importe de maintenir le système suisse d’aide sociale axé sur les besoins qui à la fois refuse le principe de l’arrosoir et attend des contre-prestations des bénéficiaires de l’aide sociale.
En outre, l’aide sociale peut déjà être considérée comme un revenu minimum garanti, du fait que le droit à la couverture du minimum vital dans des situations de détresse est déjà garanti par la nouvelle Constitution depuis 1999. L’introduction du modèle proposé par l’initiative en remplacement du système différencié de couverture sociale en vigueur jusqu’ici ne tiendrait pas compte des différents besoins de catégories de population nécessitant des soutiens qui vont au-delà d’un appui purement financier, par exemple des mesures d’intégration ou de réadaptation.